La concordance des temps politique, stratégique et budgétaire est l'un des enjeux de la planification de défense. Cinq traits marquent l'effort actuel : la réalité économique, les risques de la faiblesse militaire, la centralité capacitaire, la réassurance nucléaire et la valeur du personnel militaire.
Préambule - Pistes de planification de défense
Preamble–Defense planning tracks
The consistency of political, strategic and budget time is one of the challenges of defense planning. Five features mark the current effort: economic reality, risks of military weakness, capable centrality, nuclear reinsurance, and the value of military personnel.
La séquence accélérée que nous venons de vivre en un peu plus d’un an, de l’élection présidentielle, au Livre blanc et à la Loi de programmation, met en réalité en musique la juxtaposition complexe de temps naguère séparés : celui de la démocratie, désormais fixé à cinq ans pour le chef des armées, celui du Livre blanc, recueil de l’analyse stratégique et des enjeux induits pour la France, celui de la loi de programmation sur six ans qui doit s’inscrire dans la durée bien plus longue des équipements et des personnes, celui enfin de l’annualité budgétaire. Nos alliés n’échappent pas à cette horloge infernale. La Quadriennal Defense Review (QDR) américaine se fait au rythme de l’élection présidentielle, la Strategic Defence Review (SDR) britannique dans le tempo politique moins formel de nos voisins anglais. C’est un exercice de plus en plus difficile. Au fil du temps la France a programmé ses équipements, puis ses effectifs, puis l’ensemble de ses moyens humains et matériels. La guerre froide, la chute du mur, la mondialisation, la crise en ont donné successivement le ton.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Les articles de la présente revue traitent au fond de ces multiples aspects, contraintes, défis, paris, espoirs, etc. qui vont forger la défense de notre pays et je n’y reviendrai pas. Je souhaite en surimpression relever seulement cinq points qui me paraissent utiles à la compréhension globale et ouvrir l’appétit du lecteur pour le dossier que la RDN consacre à ce sujet d’actualité.
Le premier touche à l’économie. L’itération du souhaitable vers le possible était naguère filtrée au tamis de plus en plus serré des finances publiques. En 2013, à cause de la crise financière mondiale de 2008 et de ses conséquences dans tous les domaines, l’économie au sens large entre enfin dans le Livre blanc. Seule une économie positive pourra faire sortir du cercle infernal de la dette, de la dépense publique et du déficit d’exploitation alors que l’inflation ne peut plus servir de remède dans un monde ouvert. Cette fois, et relativement en douceur, les données de notre économie ont été prises en compte, même si certains peuvent en souligner le caractère incomplet, voire imparfait. C’est un grand pas vers la modernité qu’il faut accompagner.
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