Les auteurs plaident pour que l'État agisse en stratège en matière d'armement en actionnant tous les leviers qui sont à sa disposition et en façonnant une véritable politique industrielle de défense compétitive pour la France en Europe et dans le monde.
L'industrie de défense à venir : plaidoyer pour un retour de I'« État stratège »
The defense industry to come: a plea for a return to “State strategy”
The authors argue for the State to act strategically with its armaments by pressing all the levers at its disposal and shaping a genuine industrial policy of competitive defense for France in Europe and in the world.
À l’occasion de la 11e Université d’été de la défense qui s’est tenue à Pau les 9 et 10 septembre 2013, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui a reçu un accueil tendu de la part d’industriels inquiets, a tenu un discours direct, sans masquer les difficultés du ministère dans l’application de la politique qui lui est imposée. Ainsi, a-t-il posé les termes d’une équation, difficile à admettre dans la situation actuelle, reposant sur la modernisation des armées d’une part, et sur la réduction du coût de celles-ci de l’autre. Sur ces bases, il a cru pouvoir s’engager sur le maintien relatif de nos capacités opérationnelles et stratégiques, tel que le prévoit la Loi de programmation militaire (LPM) en cours de discussion…
Or, à l’heure où le Parlement s’apprête à examiner le projet de loi, les enjeux inhérents à l’industrie de défense n’ont jamais été aussi lourds. Au maintien des ambitions stratégiques de la France, des 4 000 entreprises dont une majorité de PME, des 160 000 emplois directs et des 15 milliards d’euros de chiffres d’affaires jusqu’alors réalisés chaque année, s’opposent autant de craintes liées à la réduction des effectifs militaires, à la baisse des crédits consacrés à l’investissement ou encore à l’intensification de la concurrence internationale notamment celle des pays émergents (Russie, Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud, etc.).
Pour une industrie aussi spécifique que la défense, une telle situation de précarité place l’État devant ses responsabilités et lui impose de mettre en place une politique industrielle effective adaptée aux circonstances. S’en remettre aux seules perspectives du marché ne saurait être une réponse à la hauteur des enjeux. L’industrie de défense française doit pouvoir compter sur un État qui ne se dérobe pas, qui fixe le cap à tenir, et qui accompagnant les entreprises protège à la fois leurs intérêts et leur développement. En un mot, l’industrie de défense a plus que jamais besoin de l’État, et en particulier du retour à un État stratège.
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