Le commandant de la brigade Serval détaille les facteurs qui, à son niveau de commandant tactique, ont été déterminants pour le succès de cette campagne aéroterrestre inédite en milieu principalement désertique : un objectif précis, un commandement souple et réactif, des principes tactiques rigoureux, un déploiement de capacités-dés, des forces entraînées et manœuvrières, un tempo soutenu.
Brigade Serval : les clés du succès tactique (janvier à mai 2013)
Serval Brigade: the keys to tactical success (January to May 2013)
The commander for the Serval brigade details the factors which, in its level of tactical command, were crucial to the success of this new air-land campaign in a mostly desert environment: a specific goal, a flexible and responsive commandment, tactical and rigorous principles, a deployment of key capabilities, and trained forces maneuverability, a sustained tempo.
Mis en alerte, conformément au dispositif Guépard, dès le lendemain des opérations d’interdiction par les forces aériennes et spéciales, l’état-major de la 3e Brigade mécanisée (BM) s’est déployé à Bamako le 21 janvier, prenant d’emblée sous ses ordres le commandement du Groupement tactique interarmes (GTIA)1 du 21e RIMa issu des forces prépositionnées. Six jours plus tard, la Brigade, rebaptisée brigade Serval, effectuait un raid sur Tombouctou, appuyée par les hélicoptères armés du Groupement aéromobile (GAM) issu du 5e RHC et rejointe au sol par le GTIA4 du 2e REP parachuté le 27 au soir, pendant que les GTIA2 et GTIA3 (92e RI – 1er RIMa) rejoignaient le territoire par les airs et par mer.
Premier acte d’une série de 55 opérations menées sans discontinuité pendant plus de trois mois dans un pays deux fois grand comme la France, sous un soleil de plomb, cette course en avant donna le ton de cette campagne aéroterrestre. La brigade compta 4 GTIA au plus fort des combats, engagés simultanément sur trois zones distinctes (l’Adrar, les régions de Gao et Tombouctou) pour terminer son mandat avec un seul GTIA dès fin avril, en liaison étroite avec les Forces alliées maliennes, les FAMA, et africaines de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma). Menée « tambours battants », cette offensive a bénéficié du soutien le plus total de l’ensemble des forces armées et de l’action résolue d’une chaîne logistique réactive malgré un « déséquilibre avant » permanent.
Début mai, le pays était libéré et les terroristes neutralisés dans leurs sanctuaires, incapables de mener des actions d’envergure. Trois mois plus tard, le Mali élisait démocratiquement son président de la République. Vu du niveau tactique, ce succès a été l’aboutissement logique d’une mission parfaitement définie, menée par des unités d’origines différentes, motivées et entraînées. S’inscrivant dans une démarche capacitaire rigoureuse, attachée au respect des principes du combat interarmées et interarmes, la réussite exemplaire de la brigade Serval est avant tout celle de combattants aguerris, ayant mis au service de nos armes une rusticité et des compétences exemplaires, rehaussées d’un esprit de corps solide, ciment de leur efficacité au feu.
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