Constitué sur une base coopérative depuis plus de quatre ans, le centre Euromaghrébin de recherche et d’études stratégiques conduit des études pour le bénéfice des ministres de la Défense des pays riverains de la Méditerranée occidentale. Un premier bilan de cette entreprise est effectué par l’un de ses chercheurs.
Un think tank pour l’Initiative 5+5 défense en Méditerranée occidentale
A think tank for the 5+5 defense initiative in the western Mediterranean
Established on a cooperative basis for more than four years, the Euro-Maghreb Centre for Research and Strategic Studies conducts research for the benefit of the defense ministries bordering the western Mediterranean. A first assessment of this business is conducted by one of its researchers.
Le Centre euromaghrébin de recherches et d’études stratégiques (Cemres) a été officiellement créé en juillet 2009, lors de la 5e réunion des ministres de la Défense de l’Initiative « 5+5 défense » qui s’est tenue en Libye. L’idée d’un tel projet avait été lancée en 2005 et avait été retenue en mars 2006 au cours d’une rencontre à Paris entre le ministre de la Défense nationale tunisienne et son homologue français. La dynamique portée, dès son lancement en 2004, par l’Initiative « 5+5 défense » en Méditerranée occidentale, a en effet conduit à imaginer la constitution en son sein d’un centre de recherches et d’études. Ce dernier visait à établir, au moyen d’une mise en réseau de chercheurs des différents pays de l’Initiative, une communauté de recherche stratégique entre les deux rives de la Méditerranée. Largement portée par la France et la Tunisie, qui en sont à l’origine, cette démarche est novatrice à plus d’un titre. En effet, tout en regroupant au sein d’une équipe des représentants des dix pays concernés (Algérie, Espagne, France, Italie, Libye, Malte, Maroc, Mauritanie, Portugal, Tunisie), elle fonctionne en suivant une double transversalité : celle associant les États de la rive nord et ceux de la rive sud, et celle associant des militaires de profession et des chercheurs issus du monde académique. De fait, l’idée de réflexions et d’analyses communes portant sur des thématiques sécuritaires n’avait à première vue rien d’évident en soi, compte tenu des perceptions souvent différentes, parfois divergentes et, le cas échéant, sources de contentieux et de tensions entre pays membres de l’Initiative.
Les interrogations et les défis initiaux posés par une démarche à la fois ambitieuse et exploratoire n’ont pas découragé les protagonistes d’aller de l’avant dans la mise en route du projet. Bien au contraire, les différents participants témoignent à présent d’une motivation et d’un engagement dont on pouvait craindre au départ qu’ils soient atténués par le caractère non opérationnel de la démarche. En fin de compte, le Cemres intègre bien dans celle-ci ce que l’on pourrait appeler l’« esprit 5+5 défense », à savoir le pragmatisme, le concret, la marge d’initiative offerte à chaque participant, l’accent mis sur la mutualisation des travaux, la relégation hors du cadre de l’exercice des points d’achoppement politiques. Le fait que le projet ait atteint une certaine vitesse de croisière ne signifie pas pour autant qu’il ne doit pas être affiné et consolidé, car son objectif, au regard des défis sécuritaires qui touchent l’aire géographique concernée, est de s’établir dans la durée.
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