Vœux du Président du CEDN
Chers amis,
Fidèles lectrices et lecteurs, ainsi que je m’y étais engagé en acceptant la présidence du Comité d’études de défense nationale il y a deux ans, je souhaite tout d’abord vous faire part de « l’état de l’Union » en ce début d’année 2014.
La Revue reste toujours la référence en matière d’animation et de diffusion de la réflexion stratégique militaire en France, ce qui oblige à un aggiornamento permanent pour remettre en cause les habitudes intellectuelles comme les méthodes de gestion. Nous nous y attachons.
Vous avez pu ainsi observer l’évolution du contenu éditorial, approuvée par la plus grande partie d’entre vous : le projet annuel est à cet effet diffusé largement à temps pour être commenté, critiqué, voire amendé au fil des réactions dont vous nous faites part. Cette approbation « en continu » de notre lectorat est essentielle à la poursuite du projet.
Mais ce n’est pas encore suffisant. Quelques exemples des actions que nous menons éclaireront le propos et vous donneront idée de la « refondation » en cours.
Sur la base d’un autofinancement préalable de toutes les initiatives présentées, véritable go-no go qui s’impose à tous, le conseil d’administration vient d’approuver des perspectives de diffusion en langues russe et arabe et de prospection vers le Brésil en langue portugaise.
Tenant par ailleurs compte du fort engagement opérationnel de nos forces armées en Afrique dans les zones identifiées par le Livre blanc de 2013 et malheureusement confortées par la réalité des crises depuis, un projet a été lancé avec la Direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD) du ministère des Affaires étrangères. Il serait en effet anormal que l’expertise stratégique, la maîtrise des actions de théâtre et l’efficacité des tactiques employées sur le terrain ne servent pas de référence, ou à tout le moins de guide, aux pays amis auxquels nous venons prêter main-forte à la demande et avec l’aval de la communauté internationale.
Les statuts ont été modifiés en décembre 2013 pour les mettre en concordance avec les évolutions souhaitées du fonctionnement courant, permettre de moderniser les modes de diffusion, donner en résumé une certaine flexibilité contrôlée au conseil d’administration en prévision d’orientations futures.
Évolutions, modernisation, refondation, tout cela n’aurait pas de sens sans une situation financière stable, que la Revue est probablement en passe de retrouver en ce début d’année. Il faut cependant attendre les derniers résultats comptables de fin d’année pour l’affirmer. Si les conditions sont réunies, dès le printemps, nous pourrons ensemble vous proposer une revue renouvelée qui gardera cependant son nom prestigieux.
Deux pistes maintenant pour donner du grain à moudre à la réflexion stratégique. Diviser pour régner ou rassembler pour gagner : les deux termes de l’alternative s’opposent, quel qu’en soit le champ d’application.
Le plus grand groupe européen d’aéronautique et de défense, leader mondial dans son domaine, vient de faire le choix stratégique d’une intégration encore plus poussée de ses « armées », en réduisant leur nombre de quatre à trois et en donnant des pouvoirs renforcés à la structure de décision du niveau supérieur, dite corporate alors qu’il est au plus haut de ses performances opérationnelles. Les marchés ne s’y sont pas trompés, les clients non plus, qui anticipent les uns comme les autres des victoires avec leur corollaire d’excédent commercial indispensable à notre économie.
Nos armées de leur côté ont fait un sans-faute opérationnel depuis les réorganisations intégratrices faites sous l’impulsion du ministre au début des années 1990, donnant au fil du temps au corporate interarmées une capacité de décision et de conduite efficace du Kosovo à l’Afghanistan et à l’Afrique.
Stratèges en organisation, à vos plumes, c’est un beau sujet de réflexion que de proposer jusqu’où aller plus loin ou quand et comment ne pas aller trop loin. Les politiques du « vivre ensemble » d’un gouvernement résultent de projets différents (modèle social, libéral, etc.) que les Français légitiment par leur vote. Sauf pour la Défense pour laquelle il ne peut y avoir d’alternance.
Tout le monde le sait, un pays propre producteur de sa sécurité comme la France, et auto assuré de sa survie par la dissuasion, n’est pas maître de sa politique de défense, imposée par son environnement stratégique, c’est ainsi que tous les Livres blancs commencent.
Les « dividendes de la paix » de 1989 ont volé en éclats dès 1990, les budgets de nos partenaires européens aussi, sauf pour le Royaume-Uni et la France. Mais les interventions militaires n’ont cessé depuis. Alors, qu’on le veuille ou non, qu’on le souhaite ou non, le tragique de l’histoire, que les forces armées ont la charge d’assumer pour le compte du pays, est certain pour demain.
Stratèges militaires, à vos plumes également pour réfléchir aux théâtres possibles et aux engagements du possible. Les premiers seront à l’échelle de l’économie mondialisée, les seconds seront forcément contraints. La mise à jour du Livre blanc est commencée.
Je vous souhaite une excellente année 2014. ♦