L’auteur tente une approche parallèle, à cent ans d'écart, de la société française et explore sa capacité à se déployer pour la victoire, comme en 1918. Il montre comment les points forts d'hier peuvent être mobilisés aujourd'hui.
Réflexions sur la victoire en 1918
Reflections on the 1918 victory
The author attempts a parallel approach to French society, reflecting on two points in history one hundred years apart, and explores its capacity to deploy itself toward victory, as in 1918. Through this, he demonstrates how yesterday’s strong points can be mobilized today.
Certaines caractéristiques de la société française, en particulier le type de rapport qu’elle entretenait avec les Armées, ont joué un grand rôle dans notre victoire en 1918. Toutes ne seraient pas au rendez-vous en cas de grave crise en 2018. Une première remarque : je viens d’écrire « notre victoire ». Or ces deux mots aujourd’hui sont bannis : on apprend aux jeunes professeurs d’Histoire à ne jamais dire « nous » ou « notre » en parlant de la France. Quant au mot victoire, il n’est plus employé qu’à propos de « la victoire sur le fascisme » ; 1918, c’est tout au plus l’Armistice. En effet, la notion même de victoire, qui ne peut s’obtenir qu’aux dépens de quelqu’un d’autre, qui n’est guère « inclusive », n’est pas de nos jours politiquement correcte.
Là, des structures culturelles et idéologiques lourdes sont certainement à l’œuvre. Cela dit, elles ne permettent pas de prédire ce que serait l’attitude des Français en cas de crise grave, et je n’ai jamais aimé le discours de déploration sur la disparition des valeurs, du patriotisme, etc. On ne peut nullement prédire cela. En 1900, l’illusion pacifiste et l’antimilitarisme étaient forts, mais les choses changèrent rapidement à partir des crises marocaines de 1905 et 1909, devant l’évidence de l’accroissement de la pression allemande sur la France.
Il est cependant clair que la société française de 2018 sera plus complexe, plus diverse, moins cohésive que celle de 1918 (même s’il ne faut pas s’exagérer cette cohésion d’alors : les différences régionales et sociales étaient fortes, même si le respect des hiérarchies sociales, politiques et aussi militaires était sans doute plus grand qu’aujourd’hui, ce qui fournissait un certain ciment). De plus, le climat d’acceptation de la guerre, comme épreuve à surmonter, dans une vision sacrificielle découlant évidemment de la tradition chrétienne, ne se retrouverait pas.
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