C'est dans les expériences afghanes et en examinant les difficultés rencontrées par Tsahal en 2006 que les forces terrestres ont puisé les enseignements nécessaires à une préparation opérationnelle soignée qui leur a permis d'aborder avec succès les réalités du combat rapproché qu'elles ont eu à conduire au Nord du Mali. Il reste à en entretenir l'esprit et les savoirs qu'il impose.
Pour une culture du combat rapproché
For a culture of close combat
It is in Afghan experiences and in examining the difficulties Tsahal/the IDF met in 2006 that ground forces have drawn the necessary lessons for the thorough operational preparation that allowed them to successfully address the realities of close combat they had driving in northern Mali. It remains to maintain the spirit and knowledge required.
Bien que réaliste, cette assertion de Georges Mandel ne fait qu’effleurer un questionnement plus vaste. Certes elle interroge la compréhension des enjeux de défense dans nos sociétés éloignées de la souffrance que nos grands-parents ont pourtant connus. Cependant, la problématique de la différence d’appréciation du prix de la vie selon que l’on est « militaire occidental » ou combattant extrémiste n’est pas abordée. La mort d’un camarade fragilise la troupe militaire qui y est confrontée. Pour l’insurgé ou le terroriste, mourir n’est bien souvent que la suite logique de son engagement.
Sans susciter la polémique, le concept du « vivre ensemble » ne nous a-t-il pas rendus plus vulnérables face à un ennemi qui n’a pas la même conception de la vie ? Le concept de la guerre « zéro mort », développé par les nations occidentales ; États-Unis en tête, lié à l’idée supériorité technologique, n’a-t-il pas longtemps donné l’illusion que les armées pouvaient gagner les batailles sans engager de troupes au sol et affronter l’ennemi face à face. Toutefois, la complexité des conflits infraétatiques, avec ses combattants « irréguliers » et le souci de mieux contrôler le milieu humain, a fini par rendre inopérante une stratégie fondée uniquement sur le dogme de la puissance aérienne. À ce titre, la guerre de juillet 2006 entre Israël et le Hezbollah a souligné la difficulté pour une armée moderne à affronter un ennemi hybride dilué dans la population, mais capable de mener de vraies actions de combat direct.
Radicalité et proximité
Replacées au cœur des engagements, les forces terrestres se sont retrouvées confrontées à une « nouvelle » dimension conflictuelle jusqu’alors négligée : la radicalisation de la violence. En effet, une majorité de groupes armés, criminels ou terroristes, pratique une « violence décomplexée » qui n’a de sens que via la terreur produite par la cruauté des modes d’action. Même si une logique asymétrique perdure *, ces groupes n’hésitent plus à engager un combat jusqu’au-boutisme en face à face. Pour le militaire confronté à ce type d’ennemi, le défi réside avant tout dans la prise en compte psychologique de ce phénomène. En effet, savoir que l’on risque des tirs mortels est une chose. Être certain d’affronter l’ennemi à courte distance en est une autre.
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