En revenant sur les différences d'approche des dépenses de défense pendant la guerre froide et sur la dialectique entre planification et marché qui la sous-tendait, l'auteur montre que le socialisme fait des dépenses militaires une condition sine qua non d'une économie à forte croissance. Il expose que le lien entre le socialisme et la défense dessine les contours d'un régime de croissance destiné à éviter les crises économiques et à promouvoir le bien-être matériel et spirituel du peuple.
Réflexions sur l'armée, la défense et le socialisme
Reflections on the army, defense, and socialism
Returning to the differences in approach to defense spending during the Cold War and on the dialectic between the underlying planning and market demand, the author shows that socialism made military spending a sine qua non of an economy with strong growth. He argues that the link between socialism and defense delineates/draws the contours/outlines a growing regime intended to avoid economic crises and promote the material and spiritual welfare of the people.
La capacité des pays occidentaux à se « payer » une armée est, aujourd’hui, au centre des discussions. Il va de soi que ces discussions s’inscrivent dans le cadre économique qui est celui des nations occidentales, à savoir un système capitaliste régulé par les marchés. Dans ce contexte, quel intérêt représente un examen des liens qui unissent l’armée, la défense et le socialisme ? Nous voyons, au moins, deux réponses à cette interrogation.
Premièrement, la plupart des auteurs réfractaires à un niveau élevé de dépenses de défense justifie leur position en faisant de ces dernières la cause de l’effondrement du capitalisme. Le socialisme, défini comme l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme en vue d’atteindre la satisfaction la plus complète des besoins matériels et culturels, procéderait donc du volume excessif de dépenses militaires qu’exigent des perspectives guerrières. Cette relation est toutefois réciproque car si la guerre favorise l’émergence du socialisme, ce dernier apparaît comme le préalable à un emploi efficace de l’armée.
Deuxièmement, les dépenses de défense ont toujours été considérées comme une préoccupation majeure des économies planifiées. L’examen des arguments convoqués, pour faire des capacités de défense une priorité, s’avère riche d’enseignements au moment où les coupes budgétaires affectant les armées paraissent inévitables. Ces arguments, loin de se borner à des problématiques sécuritaires, invitent à s’interroger sur la nature des régimes de croissance propices à éviter les crises et les fluctuations économiques.
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