L’officier Charles de Gaulle et ses chefs
L’officier Charles de Gaulle et ses chefs
L’originalité de ce livre écrit par un professeur d’université est qu’on ne trouve aucune trace de ce sujet dans les ouvrages biographiques concernant le général de Gaulle. Voilà donc un thème complètement original qui apporte des éléments essentiels et nouveaux à la compréhension de ce soldat hors norme devenu un homme politique qui assuma les plus hautes fonctions régaliennes de notre pays. Ces informations ont été prises dans son dossier personnel d’officier, des pièces des deux procès de 1940 conservés aux Archives nationales et au Service historique de la Défense, section Armée de terre. « Une approche nouvelle et passionnante sur celui qui va devenir le symbole de la dignité de la France », dixit Jean-Louis Debré, président du Conseil constitutionnel.
Le futur chef de la « France libre », l’« Homme du 18 juin » fut reçu, le 19 septembre 1909, au concours de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. À son incorporation, le 10 octobre 1909, il a un peu moins de dix-neuf ans, il s’engage volontairement dans le 33e régiment d’infanterie, dont le chef de corps est le colonel Pétain, nommé à ce grade, un an auparavant. Pétain a cinquante-six ans en 1912, lorsque le jeune sous-lieutenant intègre son régiment, il deviendra pour de Gaulle une personnalité centrale. La carrière guerrière du jeune de Gaulle fut très mouvementée, trois blessures, prisonnier en Allemagne, cinq fois évadé, cinq fois repris ! Quatre citations dont trois à l’ordre de l’Armée. De telles expériences sont de vrais révélateurs de la valeur et du tempérament d’un homme. Ses qualités de conférencier sont aussi appréciées. Après son passage en Pologne, où il a enseigné dans l’École d’infanterie de Rembertow, notre capitaine était tout prêt pour être nommé dans une école militaire. Parfois des notations font sourire : « Donne l’impression d’un officier bien doué qui peut bien faire s’il le veut ». D’autres nous font le découvrir éclectique : « S’est beaucoup intéressé à son stage, s’est donné avec zèle à l’étude de la navigation aérienne ». Nous arrêtons de dévoiler ce livre original et passionnant et laissons aux lecteurs le soin de l’apprécier et de découvrir que le capitaine est en marge de ses camarades et qu’il peut même adopter des solutions plutôt irréalistes !
Plus tard, au sein du secrétariat du Conseil supérieur de la défense nationale, directement rattaché au président du Conseil, il découvrira que les questions politiques occupent une place centrale dans tout ce qui relève de la défense. Il y sera très apprécié. Paul Reynaud sera même subjugué par le personnage ! La « drôle de Guerre » confirmera l’importance des blindés. Dans ce désastre, il fut l’un des rares à avoir sauvé l’honneur de l’armée. En qualité de sous-secrétaire d’État à la Guerre à partir du 5 juin, sa première mission sera pour Londres ; Churchill ne donnera pas suite à sa requête de rengager ses forces aériennes sur le continent. De nouveau parti à Londres, il revient à Bordeaux dans la soirée du 16 juin, il apprend que Pétain a pris la place de Reynaud. Il n’est plus sous-secrétaire d’État à la Guerre. Le lendemain il est de nouveau de retour à Londres. Le 18 juin, de Gaulle, qui avait été nommé général à titre temporaire depuis le 1er juin, prononce son fameux appel dans la soirée à la BBC. Le combat doit continuer. Le tribunal militaire permanent de Clermont-Ferrand prononcera sa condamnation à mort, le 2 août 1940. Et le 14 août 1944, Pétain déclarait : « Il n’a jamais été dans ma pensée de donner une suite à cette condamnation à mort ». Le 11 janvier 1945, la Cour d’appel de Riom a annulé la décision du Tribunal de Clermont-Ferrand.