En mer, il y a ce qui bouge et puis le reste ; le conjoncturel, l’aléatoire, à l’image de la météo qui perturbe le milieu marin, et puis aussi le permanent, l’intemporel, le rémanent ⁽¹⁾. En économie, cela vaut également ; il y a la mondialisation qui nivelle tout dans la finance et puis aussi des productions et des échanges, poumon et sang de la prospérité des peuples. En stratégie militaire, c’est aussi vrai ; il y a la planète qui se remplit dans un cadre géostratégique mutant, sans point d’équilibre en vue comme la voient nos Livres blancs ⁽²⁾ et puis, derrière la ligne d’horizon au loin, comme toujours, l’action navale.

De fait, le monde change et beaucoup de vulnérabilités de nos sociétés en se développant s’installent inexorablement en mer ; il faut y faire face, individuellement et collectivement, avec le reste.

Ces quelques évidences dessinent la problématique nouvelle et éternelle de la Marine nationale. Elles s’imposent aux officiers de marine, ici et ailleurs, de la même façon que la pratique de la mer forge leurs personnalités ⁽³⁾. Ce sont elles qui balisent la posture duale qu’adopte la marine, que ce soit au profit de l’action de l’État en mer – à la fois comme l’instrument de son autorité et le cœur de son expertise maritime – ou comme composante navale des forces armées en charge du théâtre aéromaritime des tensions et des conflits. Rapportées à la capacité industrielle et commerciale, et à la trace de la France dans le monde – notamment les capacités de son cluster maritime et les atouts de ses outremers ⁽⁴⁾ – ces données d’aujourd’hui forment le socle d’une nécessité maritime qui cherche à mieux se manifester.