Les chasseurs alpins du 13e BCA, deux siècles d’histoire et d’engagement au sommet
Les chasseurs alpins du 13e BCA, deux siècles d’histoire et d’engagement au sommet
L’éditeur Pierre de Taillac poursuit sa publication d’albums historiques consacrés aux grandes unités de l’Armée de terre avec un bel ouvrage sur le 13e BCA et les chasseurs alpins. Fruit d’un travail collectif de grande qualité et servi par une iconographie riche et de belle facture, ce livre permet de retracer à travers la vie du bataillon plusieurs pages de l’histoire militaire française, avec ses ombres et ses lumières.
Les unités de chasseurs sont créées sous le Second Empire et le 13e Bataillon de chasseurs prend ses premiers quartiers à Besançon avant de se retrouver en 1870 à Strasbourg où il est engagé contre les Prussiens.
Ce n’est qu’en 1882 qu’il réapparaît à Chambéry et acquiert alors une compétence dans le combat en montagne, notamment face à une Italie parfois belliqueuse.
Durant la Première Guerre mondiale, il est engagé notamment dans les Vosges en raison de sa spécificité alpine et prend part notamment aux combats de l’Hartmannswillerkopf (le Viel Armand) en 1915. À l’été 1916, le 13e BCA participe à la bataille de la Somme.
L’entre-deux-guerres n’est pas une période très propice et le bataillon profite des montagnes alpines pour quitter la torpeur des casernements. La Seconde Guerre mondiale le voit d’abord projeté à Narvik, où il combat avec brio avant de rentrer précipitamment en France le 29 mai 1940 pour subir la campagne de France. Recréé en août 1940 dans le cadre de l’armée d’armistice, il est désarmé sans avoir combattu en novembre 1942 lors de l’invasion de la zone libre par les troupes allemandes. Dès lors, c’est dans la Résistance que les cadres et les soldats vont s’engager et combattre ainsi lors de la bataille des Alpes en 1944-1945 face aux armées italiennes et allemandes. L’après-guerre le voit installé en Autriche, alors occupé par les troupes alliées. En 1952, il reprend ses quartiers à Chambéry avant d’être engagé de façon partielle en Indochine et en Algérie. En 1963, le 13e BCA est enfin reconstitué avec cette fois-ci le retour définitif à l’alpinisation qui va désormais constituer sa raison d’être et le cadre de son emploi opérationnel.
Avec le passage à la professionnalisation, le 13e BCA va alors participer à toutes les opérations extérieures engagées par la France depuis la fin des années 1980 en y apportant à chaque fois ses qualités spécifiques liées à l’entraînement en montagne imposant un aguerrissement et une rusticité aujourd’hui indispensables en Opex.
Avec un tel album, c’est donc toute l’histoire de ce bataillon qui est évoquée, mais aussi une partie de la vie de l’Armée de terre française. Ce travail intéressera bien sûr tous les « alpins » mais il mérite aussi l’intérêt d’autres lecteurs en montrant comment un esprit de corps se forge au cours des décennies autour d’un fanion ou d’un étendard d’unité. À l’heure où les réformes ne cessent de se succéder pour les forces armées, il reste indispensable de comprendre que, sans esprit de corps, le meilleur matériel servi par des techniciens en uniforme ne sera guère utile sur le terrain. C’est bien par cet « esprit de corps », illustré par le 13e BCA, que l’Armée de terre conservera sa capacité opérationnelle.