D'une longue expérience de terrain, l'auteur rapporte une analyse d'erreurs identifiées, un sentiment général d'inachevé, quelques leçons clés (multiplicité des acteurs, unité de commandement, dispersion de l'aide et facteur afghan sous-estimé) et la forte intuition que rien n'est vraiment réglé.
L'Afghanistan, et après ?
Afghanistan and Beyond?
From a long field experience, the author links an analysis of identified errors, a general unfinished sentiment, some key lessons (the abundance of actors, unity of command, a dispersion of aid, and an underestimated afghan factor), and a strong intuition that nothing is ever truly resolved.
L’intervention en Afghanistan a été, dès 2001, une affaire essentiellement américaine. Les Nations unies, l’Otan et ses alliés, l’Union européenne ne sont intervenus massivement qu’à l’initiative, à la demande et en soutien des États-Unis. Faire le bilan de cette opération, constater qu’elle est pour l’essentiel un échec, au moins au regard des ambitions affichées à l’origine, c’est donc d’abord s’interroger sur la responsabilité de nos alliés américains. On verra qu’ils ont commis de nombreuses erreurs.
Dès novembre 2001, le Secrétaire à la Défense, Ronald Rumsfeld, refuse l’aide de ses principaux alliés, pourtant généreusement offerte. Les moyens engagés par le commandement américain font tomber le régime taliban mais ils sont cependant ridiculement insuffisants. En décembre 2001, dans les montagnes de Tora Bora, au-dessus de Jalalabad, les forces américaines déployées sur le terrain se limitent à sept hommes, trois agents de la CIA, trois commandos de la Marine et un infirmier, appuyés par un important groupe de moudjahidines, mobilisés pour les besoins de l’opération. Oussama ben Laden et son groupe de combattants d’Al-Qaïda, qui connaissent bien cette région frontalière clé, leur échappent pour aller se perdre dans les zones tribales pakistanaises de l’autre côté de la frontière.
Le ton est donné. Obsédée par la guerre qu’elle finit par choisir de mener en Irak en 2003, l’Administration de George W. Bush néglige, dans les faits, la guerre qui lui a été imposée en Afghanistan.
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