En rappelant les étapes de la campagne afghane de l'Alliance atlantique qui y a engagé l'Otan pour conduire une coalition finalement infructueuse, l'auteur montre à la fois les limites des engagements opérationnels en coalition et celles d'une structure militaire alliée taillée dans un autre cadre et qui cherche à se perpétuer.
L'Otan, la Fias et le futur des opérations militaires en coalition
NATO, ISAF, and the Future of Military Operations in Coalitions
By recalling the stages of the Afghan campaign of the Atlantic Alliance that engaged NATO to direct an ultimately unsuccessful coalition, the author both shows the limits of both coalition operations and an allied military structure that was built for another purpose that seeks to perpetuate itself.
Le 31 décembre 2014, l’opération ouverte par la Force internationale d’assistance et de sécurité (Fias), aussi connue sous son acronyme anglais d’ISAF, laissera en théorie la place à une mission limitée à la simple assistance opérationnelle des forces de sécurité afghane, Resolute Support. Entre-temps, l’Alliance atlantique aura tenu un Sommet en Grande-Bretagne, au début du mois de septembre, et aura désigné le successeur de l’actuel secrétaire général de l’Otan, le Danois Anders Fogh Rasmussen. Ces deux événements encore à venir marqueront sans doute un tournant pour l’Otan avec la fin d’un engagement qui aura été de loin le plus important et le plus complexe jamais entrepris par l’Alliance.
L’une des clés de l’avenir de l’Organisation atlantique tient moins à la façon de se réinventer et de s’interroger sur sa raison d’être que de réfléchir à ce qu’elle a fait et obtenu en l’espace de treize années d’engagement opérationnel (2001-2014). Une majorité des opinions publiques au sein des nations concernées perçoit en effet le conflit comme un échec ; aux États-Unis, un sondage de CNN montrait en décembre 2013 que moins de 20 % des sondés soutenaient l’intervention (1), tandis qu’en France, l’approbation quant à la participation de soldats à cette mission ne cesse de diminuer depuis 2008, ce qui a conduit à décider d’accélérer le retrait des troupes combattantes en 2012 (2). L’impression de mener une guerre impopulaire pèse lourd dans les décisions des acteurs nationaux, pris au piège entre l’obligation de tenir leur engagement international au sein d’une coalition et la nécessité de rendre des comptes aux électeurs (3).
Aussi, convient-il de s’entendre sur ce que les nations ayant participé directement à l’engagement en Afghanistan peuvent retirer comme leçons communes et considérer comme étant l’avenir des opérations multinationales. Par certains aspects, certaines des réponses se trouvent déjà dans l’opération Unified Protector au-dessus et au large de la Libye, avec la tentation de créer des « coalitions de bonne volonté » appuyées par la structure de commandement otanienne, mais sensiblement plus souples à l’égard des partenaires et des alliés impliqués. Dans les deux cas, la citation attribuée au maréchal Foch (« Depuis que j’ai commandé une coalition, j’admire beaucoup moins Napoléon ») montre intrinsèquement les difficultés, les crispations, les affrontements et les négociations permanentes liées à un combat de cette nature.
Il reste 85 % de l'article à lire