L’analyse que fait l'auteur des combats réguliers contre des forces irrégulières dans lesquels sont désormais engagées les armées françaises le conduit à redéfinir la guerre comme un affrontement normal en contre-insurrection entre forces expéditionnaires et milices dures et fluides.
COIN de France
COIN of France
The author’s analysis of regular combatants versus irregular forces, who are now engaged in the French army, leads him to redefine war as a typical affront between expeditionary forces and militias as simultaneously harsh and fluid.
Alors que de 1962 à 1991, la presque totalité de nos investissements matériels et de nos réflexions ont été tournés vers l’hypothétique affrontement du Pacte de Varsovie, nos adversaires réels – ceux qui ont provoqué 99 % de nos pertes – s’appelaient Frolinat, Tigres kantagais, Polisario, Hezbollah, Amal et autres. Après la disparition de l’URSS, la « guerre mondiale en miettes » a continué, parfois contre des États (Irak, Serbie, Libye) ou des pseudo-États (république bosno-serbe, État taliban), mais surtout contre des organisations aux sigles variés : FPR, HIG, Aqmi, Mujao, Frolinat (1), etc., et tout semble indiquer que cela sera encore longtemps le cas. La guerre dite de contre-insurrection (COIN) (2) est la forme de guerre « normale » pour les armées françaises (3).
La guerre normale
Bien que cette situation historique dure depuis plus de cinquante ans, nous continuons à la prendre en compte avec difficulté. D’abord parce qu’elle sort du cadre clausewitzien de la guerre entre États. Nous avons eu beau affronter le Vietminh et le Front de libération nationale (FLN), nous continuons à hésiter à qualifier de guerre, les affrontements contre les organisations non étatiques. Alors même que l’on venait de connaître le 18 août 2008 le combat le plus violent depuis notre arrivée en Afghanistan – un combat d’embuscade des plus classiques qui a fait au moins 80 morts de part et d’autre – le ministre de la Défense de l’époque refusait de parler de guerre, puisqu’il n’y avait eu aucune « déclaration » officielle. Quelques mois plus tôt, après des tergiversations identiques, Israël venait de qualifier officiellement de « seconde guerre du Liban », l’affrontement de 2006 contre le Hezbollah.
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