L'évolution politique de l'Amérique latine
La place prépondérante qu’occupent aujourd’hui les États-Unis dans le monde appelle l’attention sur les pays du Sud, qu’en raison de leur civilisation à base ibérique, on est convenu de réunir sous le vocable général d’Amérique latine. Ces pays, qui peuvent rivaliser tant par leur superficie que par leurs richesses naturelles (encore insuffisamment exploitées et même incomplètement connues) avec leur puissante voisine, sont-ils appelés à réaliser dans l’avenir un aussi prodigieux essor économique ? Les circonstances les obligeront-ils à graviter de plus en plus dans son orbite, ou réussiront-ils, au contraire, à sauvegarder leur pleine indépendance et à affermir leur personnalité ? Autant de questions qui se posent naturellement à l’esprit dès que l’on envisage la remarquable évolution de ces pays latino-américains au cours des dernières années. Évolution qui apparaît essentiellement sous un double aspect : en premier lieu, resserrement des liens qui unissent les Républiques du Sud à celle du Nord et aussi, mais sur un plan plus restreint, des relations entre elles ; en second lieu, transformations profondes de leurs économies respectives, principalement dans l’ordre industriel, avec les conséquences sociales et même politiques que ces changements peuvent comporter.
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Si les vingt nations, entre lesquelles se partage l’Amérique latine, ne sont pas parvenues, à l’inverse des États-Unis du Nord, à former une Confédération, cela tient (il n’est pas inutile de le rappeler) à de multiples raisons. Raisons géographiques : étendue du territoire, climat souvent tropical, manque de communications, peuplement insuffisant. Raisons ethniques : prédominance numérique des gens de couleur (la proportion des « blancs » de race pure atteignant à peine 15 % de la population totale). Raisons historiques : aux anciennes divisions des Indiens d’avant les découvertes est venu se superposer l’individualisme outrancier des peuples ibériques. Enfin, raisons économiques, qui découlent, en grande partie, de toutes les raisons que nous venons d’énumérer et qui expliquent que les progrès de ces pays, dans cet ordre d’idées comme dans tous les autres, aient été plus lents que chez les Nord-Américains.
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