Il était une France, conseils à mes petits-enfants et petits-neveux, 1870-1970
Il était une France, conseils à mes petits-enfants et petits-neveux, 1870-1970
Le sous-titre l’annonce : une saga familiale édifiante, racontée aux enfants, voilà qui pourrait être bien ennuyeux. Or, par la magie d’un style, le livre est épatant. Certes, l’intention didactique est claire, « remettre à l’heure les pendules », déréglées par l’esprit du temps.
L’auteur ne cède pas à la facilité, relatant objectivement les situations étranges auxquelles les ancêtres, d’origine alsacienne, ont été confrontés de 1870 à 1970, ni des choix qu’ils ont assumés et qu’aujourd’hui nous jugeons justes ou non. Le meilleur exemple de ces dilemmes est à Madagascar, où l’auteur est né en 1942, mauvaise année pour la Grande Île. Les Anglais, stratèges sans pitié, débarquent, à Diego Suarez d’abord, bientôt dans toute l’île, pour en chasser les Vichystes. Le père de l’auteur, administrateur colonial dans le Nord, est de ceux-là, et acharné. Le récit des rudes combats qui les opposent aux envahisseurs à Diego est exemplaire, comme l’obstination du père qui, à l’issue d’une fuite pittoresque, se retrouvera à Brazzaville… gaulliste par la force des choses. Son obstination fut partagée par nombre de pétainistes prisonniers des Anglais, qui ne firent amende honorable qu’en 1944.
Le livre se termine paisiblement, avec l’entrée dans la carrière de l’auteur en 1962 et son orientation, tôt assumée, vers les Services spéciaux (plaisante description de « la Piscine ») et le monde soviétique. On attend la suite.