La première guerre de Charles de Gaulle 1914-1918
La première guerre de Charles de Gaulle 1914-1918
S’il y a bien un personnage majeur de notre histoire contemporaine pour lequel la bibliographie est quasi inépuisable, c’est bien le général de Gaulle. Sa carrière militaire et politique a fait l’objet de très nombreuses publications. Sans oublier également ses propres écrits. Et pourtant, voilà un travail passionnant, remarquable, innovant et absolument indispensable pour comprendre cette partie essentielle mais relativement méconnue de la vie du futur général, au moment où notre pays commémore le centenaire de la Grande Guerre. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard mais il est vrai que c’est bien à travers les épreuves de la Première Guerre mondiale que se sont forgées les destinées des grands chefs lors du conflit suivant, à commencer par celle du Maréchal Pétain.
Jeune saint-cyrien, Charles de Gaulle a vécu ce premier conflit comme l’accomplissement de sa vocation affermie dans un patriotisme familial sans faille, mais aussi comme autant de blessures physiques et morales. Dès le début de la guerre, Charles de Gaulle fait preuve de courage et montre tant à ses chefs qu’à ses subordonnés qu’il est prêt au combat contre l’ennemi allemand. Et chaque blessure l’éloignant du front est vécue comme un obstacle qu’il faut au plus vite surmonter pour retrouver sa place au combat. Chaque période de convalescence, dont une passée au cœur de l’Auvergne à la Bourboule, est vécue comme une absence qu’il faut limiter au plus vite. Le lieutenant puis capitaine de Gaulle n’a jamais faibli, malgré les difficultés, et sa longue captivité de trente-deux mois est une épreuve pénible avec cinq tentatives d’évasion. Blessé à Verdun, il est effectivement fait prisonnier et est emmené en Allemagne. Dès lors, il cherche à s’évader avec à chaque fois l’humiliation de la capture. L’analyse des relations qu’il a avec les autres officiers français prisonniers de guerre rappelle d’ailleurs le film de Renoir, La grande Illusion. Combattant frustré de la victoire, indéniablement marqué par son impuissance face à une guerre qui se déroule sans lui, Charles de Gaulle n’a eu de cesse de vouloir combler par la suite ce sentiment douloureux et frustrant de ne pas avoir pu combattre jusqu’au bout.
L’auteure, historienne et directrice du centre européen du résistant déporté au camp du Strutthof, nous livre donc un livre aux multiples qualités tant littéraires que scientifiques et apporte ainsi un éclairage complémentaire tout à fait pertinent sur une personnalité forte. De plus, la précision et la clarté des récits de combats rajoutent à la qualité de ce travail qui permet de comprendre des éléments clés de la personnalité du futur général.