L’auteure se plaît à ouvrir les boîtes noires dans lesquelles se composent les stratégies, se concertent et s’opposent politiques, militaires et diplomates pour la définition des actions régalienne, de guerre et de paix. Elle décrit les biais et les aléas qui rendent ce processus le plus souvent irrationnel.
Strategy making : la théorie et la pratique
Strategy Making: Theory and Power
The author attempts to open the “black boxes” in which strategies are composed, organizing and opposing policies, militaries, and diplomats on the definition of regal actions, war, and peace. She describes the biases and uncertainties that make this an often irrational process.
Comment est élaborée la stratégie ? À l’aide de quelle procédure et de quels ingrédients, est-elle formulée ? Le modèle clausewitzien selon lequel les gouvernements prennent des décisions sur le recours à la force militaire avec des objectifs politiques clairs est une simplification grossière. N’importe quel décideur a plusieurs objectifs, dont certains s’excluent mutuellement ou sont en conflit, et n’importe quel groupe de décideurs a des objectifs encore plus hétérogènes, allant de la promotion de leurs propres carrières aux intérêts de l’État qu’ils dirigent en passant par la protection de l’ordre international et la paix. Ils peuvent avoir des conceptions très erronées sur les possibilités offertes par les moyens militaires à leur disposition ou sur les convictions, idéologies, intérêts, intentions et capacités de leurs adversaires, ou encore sur de nombreux autres facteurs. Leurs perceptions, et donc leurs objectifs, peuvent changer au cours du temps, probablement en fonction de leur appréciation même de l’évolution du conflit armé. Au début d’une guerre en particulier, et dans les situations critiques, les décideurs, qui n’ont pas le regard et le recul de l’historien pour les aider, ont tendance à tâtonner, en étant par dessus tout préoccupés de survivre à la crise et d’éviter le pire.
Ainsi, rarement – voire jamais – la décision d’entrer en guerre résulte d’une véritable évaluation de la menace, de ses propres capacités et de ceux de l’adversaire, et d’objectifs politiques de guerre clairs, desquels seraient dérivés des objectifs militaires clairs.
Genèse stratégique
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