L’arrivée d'armes nouvelles dans les conflits s'est faite subrepticement et a contribué au brouillage et à l'égalisation des forces en présence. La dialectique qui accompagne ces nouveaux modes d'intervention pourrait conduire à un renversement stratégique qui en réserverait l'avantage militaire à quelques-uns qui s'y préparent.
L'équilibre stratégique au défi des drones et des cyberarmes
The Strategic Equilibrium Challenged by Drones and Cyber-arms
The arrival of new weapons in conflict was done surreptitiously and has contributed to the jamming and equalization of present forces. The dialectics which accompany these new modes of intervention could lead to a strategic reversal, and the military advantage is reserved for those who prepare for it.
Je voudrais essayer de mettre la notion d’équilibre stratégique (un concept d’ailleurs discutable, la stratégie étant par nature dynamique et politique) à l’épreuve des nouvelles technologies de la guerre moderne, les drones et les cyberarmes. L’équilibre stratégique, à la fois l’équilibre réel des forces militaires et les rapports stratégiques traditionnels entre les acteurs du système international, se trouve-t-il remis en cause, renversé ou bien renforcé par ces armes nouvelles ?
Je serai conduit à me servir abondamment de l’exemple américain, puisque ce sont les États-Unis qui ont, en premier, développé et fait usage de ces armes à grande échelle, au cours des années 2000. Je pense notamment aux drones, qui avaient connu de grands progrès depuis quelque temps déjà, mais n’avaient pas été armés, que ce soit dans les Balkans ou en Afghanistan. C’est lorsque la CIA a eu un visuel sur Oussama Ben Laden dans les environs de Kandahar en 2000, depuis un drone Predator, sans pouvoir tirer sur lui autrement que par une frappe de missiles trop lente depuis l’océan Indien que les drones ont été armés, avec une efficacité croissante et des développements très rapides. Quant aux cyberarmes, c’est aussi au cours de la décennie 2000 qu’elles ont connu leur développement le plus rapide, même si la technologie des virus n’est pas nouvelle. Depuis que deux ordinateurs ont été reliés entre eux, de Stanford à Berkeley en 1972, on sait qu’il est très difficile de protéger les communications et de se prémunir de l’introduction de lignes de code malveillantes par un tiers (espionnage, sabotage, prise de contrôle).
L’âge d’or de ces deux armes n’a pas été les années Bush, même s’il a été le premier président à les utiliser, mais le premier mandat d’Obama, tout simplement parce que cela correspondait à la nécessité stratégique du moment, celle du désengagement, de la diminution des soldats dans les deux guerres au sol d’Irak et d’Afghanistan sans pour autant compromettre la sécurité des États-Unis. Drones et cyberarmes permettaient à Obama d’agir de façon furtive, de se retirer tout en combattant à moindre coût, d’où la multiplication spectaculaire des frappes de drones et l’utilisation du virus « Jeux olympiques » (Stuxnet) contre l’Iran.
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