À propos des drones, voici une dissertation sur la valeur courage comme première vertu martiale et une actualisation des réalités de l'engagement militaire moderne.
Combattre à distance : le courage au centre du débat éthique
Combat at a Distance: Courage at the Center of an Ethical Debate
Concerning drones, here is a essay on courageous valor as the first martial virtue and an update on the realities of modern military engagement.
Avec la multiplication des systèmes de combat opérés à distance et le développement de la robotique de combat, les débats éthiques sur l’avenir de la guerre ont pris une importance qui ne peut être ignorée. Les choix effectués récemment par la France en matière d’acquisition et de développement de drones nous imposent d’entrer dans ces débats.
Voici une réflexion sur un sujet qui semble occuper la communauté des universitaires travaillant sur l’éthique de la guerre et qui suscite des réactions parfois violentes chez certains d’entre eux : la lâcheté supposée attachée à l’emploi des systèmes permettant de sortir le combattant de la zone de danger physique. Dernier avatar de cette levée de boucliers, l’ouvrage de Grégoire Chamayou dans lequel l’auteur condamne l’emploi des drones de combat en les assimilant à « une simple campagne d’abattage » et en déplorant le passage « d’une éthique du sacrifice et du courage à une éthique de l’auto-préservation et de la lâcheté plus ou moins assumée » (1). De fait, le militaire qui tue à distance, et ce quel que soit le moyen employé, est un lâche au même titre que tous ceux qui décident de l’emploi de tels moyens. Deux questions méritent, semble-t-il, d’être posées. Tout d’abord, le substantif « lâche » étant définitivement frappé du sceau de l’infamie, son utilisation renvoie inévitablement au Mal comme catégorie éthique et donc philosophique. D’où la question : sur quels fondements philosophiques peut-on appuyer l’assertion du caractère moral du courage ? Ensuite, il nous semble que le courage comme la lâcheté ne se font jour que face à un danger. Or combattre depuis une zone sûre implique une absence de danger. Comment, dès lors, qualifier de lâche celui qui n’est pas confronté au risque ?
L’impossible définition du courage
Le courage comme vertu ne fait l’objet d’aucune définition unanimement acceptée comme le démontrent les réflexions aporétiques de Socrate dans le Lachès de Platon. Aristote nous offre également une réflexion importante sur le sujet en définissant le courage comme « un juste milieu par rapport à la crainte et à la témérité » (2), et en l’articulant à la guerre.
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