L’analyse à chaud de la dimension militaire de la crise russo-ukrainienne révèle des combinaisons nouvelles. Forces spéciales et milices activées de concert conduisent une guerre limitée aux effets décisifs.
La Russie dans la crise ukrainienne : stratégie, tactique et guerre limitée
Russia in the Ukrainian Crisis: Strategic, Technical, and Limited War
An instantaneous analysis of the military dimension of the Russia-Ukraine crises reveals new combinations. Special Forces and active militias, in concert, steer a limited war with decisive effects.
Dans le cadre d’une stratégie générale visant la fédéralisation de l’Ukraine, la Russie mène une action sur l’échiquier régional qui peut être analysée comme une réhabilitation de la manœuvre et de la « guerre limitée ».
La sidération par le Blitz
En effet, l’utilisation des forces spéciales en vue de la réalisation d’une « surprise stratégique » a pour fonction la stabilisation partielle de l’est du pays et la maîtrise apparente de l’ordre. Cette action, en appui d’une revendication populaire, a été couverte par une « manœuvre simulée » : la mise en œuvre d’un Blitzkrieg à fort impact politique. En s’appuyant sur la « surprise » des forces spéciales « non identifiées », la partie russophone de l’Ukraine a tiré profit d’une supériorité tactique momentanée pour changer la règle du jeu et le terrain de la confrontation. Elle a fait recours aux moyens tactiques traditionnels du faible contre le fort
(l’armée ukrainienne est supérieure en moyens de combat, mais politiquement décapitée et démoralisée) sous l’effet de la conjonction de l’appui populaire et de l’efficacité de l’initiative.
L’anonymat des forces a permis, dans plusieurs villes de l’est de l’Ukraine, de profiter de la manœuvre opérationnelle sur les arrières, conduite par la machine du Blitz liant les « actions spéciales » de l’avant, la défense territoriale intermédiaire et la supériorité militaire extérieure. L’utilisation de ces « forces non identifiées » a joué un effet de surprise et a ouvert un nouvel âge militaire pour les spetsnaz (commandos) et pour l’action indirecte, produisant la guerre des nerfs. À l’action de ces forces a été assignée une mission de contrôle, de stabilisation et de mise en œuvre d’une variété de parades asymétriques, appuyées sur la menace d’une intervention à plus grande échelle. Pour son lien avec la manœuvre du Blitz, le mode indirect d’action des forces spéciales, à caractère tactique, recherche la décision au niveau psychologique, par des moyens de coercition psychopolitiques.
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