L’auteur discerne derrière les turbulences actuelles des facteurs de recomposition du paysage régional suffisants pour permettre aux sociétés moyen-orientales de détruire le « mur de la peur » et d'échapper à terme à la fatalité crisogène actuelle.
Se préserver de la pensée dominante pour saisir les dynamiques moyen-orientales
A Change of Thinking to Understand the Dynamic of the Middle East
The author shows that behind current disturbances there are enough factors for rebuilding the regional landscape in order for Middle-Eastern societies to tear down the wall of fear and, in the longer term, to escape from the current endless series of crises.
De nombreux commentateurs et analystes considèrent que le Moyen-Orient serait, sur la planète, la zone paroxystique d’exacerbation des conflits et que ces derniers échapperaient à toute logique rationnelle. S’il est avéré que les affrontements dans la région ont effectivement été nombreux au cours des décennies passées, nous devons toutefois nous préserver de toute explication de type anthropologique. Ces conflits ont des racines sociales et politiques parfaitement discernables et rien ne prédispose les peuples du Moyen-Orient à la guerre comme unique moyen de résolution des différends. En d’autres termes, rien ne condamne ad vitam aeternam ce vaste espace régional à l’instabilité et aux conflits permanents.
En outre, si l’analyse des guerres constitue un exercice nécessaire pour saisir les enjeux géopolitiques du Moyen-Orient, il faut aussi prendre en compte les dynamiques plus strictement politiques qui ont marqué les évolutions régionales. Ainsi, le nationalisme, compris comme mode de référent identitaire et politique, dont les causes trouvent leurs racines au sein des États coloniaux européens, va engendrer de multiples affrontements dans la région. Le nationalisme juif, initialement européen, gagne le Proche-Orient à la fin du XIXe siècle avec le mouvement d’immigration juive en Palestine et constitue un des principaux paramètres des crises qui n’ont cessé de se succéder depuis lors. Parallèlement, vont s’affirmer les nationalismes turc, iranien et arabe, se déclinant pour ce dernier sous les différentes formes de panarabisme qui seront aussi ferments d’oppositions politiques conflictuelles entre États.
Le but de ces quelques réflexions n’étant toutefois pas une analyse critique des décennies passées, nous tenterons plus prosaïquement de discerner quelques paramètres des évolutions les plus récentes, susceptibles de structurer le proche avenir au Moyen-Orient.
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