Le conflit syrien n'a pas entraîné paradoxalement une confrontation entre le Hezbollah et Israël. Bien au contraire, chaque partie a évité soigneusement des provocations pouvant dégénérer. Cependant, la guerre en Syrie, en s'éternisant, pourrait modifier à terme les rapports de force entre Israël et le Hezbollah.
Le conflit Israël-Hezbollah dans l'ombre de la guerre civile syrienne
The Israel-Hezbollah Conflict in the Shadow of the Syrian Civil War
It seems perhaps strange that the Syrian conflict has not brought with it any confrontation between Hezbollah and Israel. Quite the contrary, in fact: each side has carefully avoided any provocation that might degenerate. Nevertheless, were the war in Syria to continue into the longer term, it might ultimately alter the power balance between Israel and Hezbollah.
Alors que la guerre civile en Syrie est rentrée dans sa quatrième année, la zone du Sud-Liban, longtemps soumise aux affrontements entre l’armée israélienne et le Hezbollah, reste contre toute attente stable. Cette situation a tous les attraits d’un paradoxe, car non seulement la dernière guerre de 2006 ne s’est achevée sur aucun accord durable, mais Tsahal comme le Parti de Dieu n’ont cessé depuis lors d’assurer leur réarmement. À l’aune de l’instabilité en Syrie, mais aussi dans les régions voisines libanaises – tout particulièrement dans la plaine de la Bekaa – une fuite en avant de l’« axe de la résistance » incarné par la Syrie des Assad, l’Iran et le Hezbollah et un embrasement de la frontière israélo-libanaise pouvaient apparaître inévitables. Or, tous les acteurs du conflit semblent avoir pris soin d’exprimer leur retenue et d’éviter, à chaque fois que cela risquait de se produire, une escalade inconsidérée.
Il convient d’expliquer ce paradoxe en revenant tout d’abord sur la configuration stratégique qui émerge de la guerre en 2006 entre le Hezbollah et Tsahal, en insistant sur le système de dissuasion mutuelle qui s’est mis en place à l’issue. Puis, la crise syrienne a conduit les deux parties, israélienne et libanaise, à modifier leurs calculs et prendre des décisions parfois risquées. Grâce à ces développements, on pourra s’interroger sur la question de la pérennité des règles d’escalade qui semblaient régir le conflit Israël-Hezbollah depuis 2006.
Le système de dissuasion entre Israël et le Hezbollah (2006-2011)
Il reste 84 % de l'article à lire