Les FAS (Forces aériennes stratégiques) fêtent cinquante ans de service opérationnel assurant la dissuasion nucléaire sans interruption depuis 1964. Avec une logique de stricte suffisance, elles constituent la plus ancienne composante de notre panoplie nucléaire. Leur complémentarité avec la FOST (Force océanique stratégique) est la garantie du maintien de notre posture de dissuasion.
La dissuasion nucléaire française depuis 50 ans
French Nuclear Dissuasion After 50 Years
The FAS celebrates 50 uninterrupted years since 1964 of operational service in assuring nuclear dissuasion. With a logic of strict sufficiency, it makes up the oldest part of our nuclear arsenal. Their compatibility with the FOST (Strategic Oceanic Force) is the guarantee of maintaining our stance on dissuasion.
Le 3 octobre 2014, sur la base aérienne d’Istres, les Forces aériennes stratégiques (FAS), la « première composante » de la dissuasion, ont célébré leur cinquantième anniversaire. L’histoire française de la bombe nucléaire est connue. L’impulsion initiée par la IVe République aboutit le 13 février 1960 à la première explosion nucléaire française. Le 14 janvier 1964, le général de Gaulle, président de la République, signe le décret portant création des FAS. Le 8 octobre de la même année, à Mont-de-Marsan, des Mirage IV assurent la première alerte nucléaire. Sous leur fuselage, une AN11, la première arme nucléaire française. En 1968, la France accède au statut thermonucléaire. Le principe de la dissuasion n’a pas changé depuis : maintenir chaque jour des forces prêtes 24 h/24 à l’engagement nucléaire sur ordre direct du président de la République. La posture de permanence est l’essence même de la dissuasion.
En 2014, les FAS rassemblent deux escadrons d’avions-combat, l’un doté de Rafale (le 1/91 Gascogne), l’autre de Mirage 2000N (le 2/4 La Fayette). Ils sont armés d’un missile nucléaire, l’ASMP-A, un engin d’une portée de plusieurs centaines de kilomètres. Le système de navigation et d’attaque des chasseurs autorise des raids de jour comme de nuit, et par tous les temps. Ces biplaces sont ravitaillables en vol par les KC-135FR Stratotanker – dérivés du Boeing 707 – toujours en service. Cette force dispose de ses propres bases aériennes et d’un commandement attitré, le Centre d’opérations des forces aériennes stratégiques (Cofas). Les autres commandements de l’Armée de l’air apportent leur concours, en affectant des avions-radar AWACS ou des monoplaces Mirage 2000 pour l’entraînement ou l’escorte. La politique de défense du pays dispose ainsi de moyens polyvalents aptes à opérer sur un large éventail, du conventionnel au nucléaire. Avion de pointe, le Rafale est conçu pour une entrée en premier sur un théâtre, y compris dans un espace aérien non permissif. Au final, cette force aérienne, parce qu’elle sait mettre en œuvre l’arme ultime, s’est hissée au plus haut niveau opérationnel. Il en est de même en mer pour la Marine nationale, autour de ses SNLE, désormais armés du M51, missile balistique à têtes multiples.
Pour leurs cinquante ans, les FAS ont montré leur aptitude à se projeter loin de la métropole en réalisant en avril dernier un raid avec Rafale vers la Réunion, un vol de 11 heures sans escale. La performance confirme un savoir-faire déjà observé au-dessus de la Libye en 2011, lorsque des Rafale effectuent des tirs de missiles de croisière conventionnels Scalp dans un scénario identique à celui d’un engagement nucléaire, des missions de plus de 6 heures. La crédibilité des FAS n’est plus contestée, une performance, au fond, conforme à leur vocation très politique.
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