Avec la crise irakienne, et la montée en puissance de la rébellion djihadiste, le monde arabe n’en a pas fini avec les conséquences du Printemps arabe de 2011. Les États concernés sont sur des trajectoires différentes, entre stabilisation politique et économique pour les plus chanceux, ou chaos et anarchie, Syrie et Libye.
Printemps ou Hiver arabe ?
Arab Spring or Arab Winter?
With the crisis in Iraq and the rise in power of the jihadist rebellion, the Arab World is not yet finished with the consequences of the Arab Spring of 2011. The affected States are on different trajectories, between political and economic stabilization for the more lucky, or chaos and anarchy in the cases of Syria and Libya.
On peut dater le déclenchement du Printemps arabe au 4 janvier 2011 lorsque le jeune tunisien Mohamed Bouazizi est décédé après sa tentative de suicide par le feu le 17 décembre 2010, suite à son désespoir face à un avenir sans issue.
La révolution arabe a commencé en Tunisie puis a déferlé tel un tsunami en Égypte, Libye, Syrie et Yémen. Le scénario est à peu près le même dans ces pays avec de grandes manifestations dans les places publiques, la dénonciation des régimes en place, et le slogan « Dégage » adressé au chef de l’État. Après une résistance parfois sanglante des dictateurs, ces derniers ont dû, soit s’enfuir, soit démissionner, soit ont été tués. C’est ainsi que le Tunisien Ben Ali a pris la fuite le 14 janvier 2010, que Moubarak d’Égypte a démissionné le 11 février 2011, et que le Libyen Kadhafi a été tué le 20 octobre 2011 après une opération militaire à dominante franco-anglaise et avec l’appui de nations arabes du golfe Arabo-Persique. En Syrie, les événements ont tourné autrement après le début des manifestations en mars 2011. En effet, le régime du président Bachar Al Assad, aidé par l’Iran et la Russie n’est pas tombé, et la révolte s’est transformée en guerre civile après l’apparition de mouvements d’opposition armés islamistes. Au Yémen, les manifestations contre le président Ali Abdallah Salah ont eu lieu de janvier à mai 2011 entraînant son départ du pouvoir en février 2012. Au Bahreïn, les manifestations ont débuté le 14 février 2011 contre le régime monarchique sunnite de Hamad Ben Issa Al Khalifa, qui a réagi par une forte répression armée aidée par les troupes saoudiennes et émiraties. Dans les autres pays arabes, des manifestations ont eu lieu également, mais de moindre envergure en Algérie, Jordanie, Maroc, Mauritanie et Oman. Les pays du Golfe, quant à eux, n’ont pas connu de véritable révolte contre les régimes en place.
Les causes de ce Printemps arabe sont communes dans pratiquement tous les pays arabes. Il s’agit de régimes autoritaires avec un manque de démocratie et de liberté auquel s’ajoute le non-respect des droits de l’homme. De plus, les richesses du pays étaient accaparées par les dirigeants, leur famille et leurs proches. Ces pays souffraient d’une situation économique défavorable avec un chômage élevé surtout chez les jeunes diplômés, une grande inégalité sociale, des poches importantes de pauvreté, un logement social déficient, et la prolifération de l’économie de rente et de la corruption. À noter que ces régimes malgré toutes ces tares, étaient soutenus par l’Occident (Europe et États-Unis) qui les tolérait par crainte de la prise de pouvoir dans ces pays par des islamistes radicaux. Les acteurs de ces révolutions étaient principalement des jeunes de la société civile qui étaient mobilisés par les nouvelles technologies de la communication, notamment Facebook ou Twitter. Ces jeunes réclamaient la fin des régimes en place, une meilleure répartition des richesses, la création de plus d’emplois, la lutte contre l’économie de rente et la corruption, et enfin l’éclosion de la dignité et de citoyenneté. Se sont adjoints à ces jeunes par la suite certains partis politiques de l’opposition et quelques associations de défense des droits de l’homme.
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