Mémoires. Les champs de braise
Dans l’idéologie saint-cyrienne, les « anciens » sont toujours les « anciens » : ils nous montrent le chemin, ils sont nos références. Il est rare cependant qu’ils aient parcouru toutes les étapes — et surmonté toutes les épreuves — qu’une partie seulement de nos camarades ont connues de 1940 à l980 : la Résistance, la déportation, les combats incessants avec la Légion parachutiste, en Indochine, puis en Algérie, la participation au putsch et la prison, la direction du personnel dans un groupe industriel, la prise de parole pour témoigner.
Il est encore plus rare qu’un soldat élève sa pensée à la hauteur de celle de Saint Marc, car si son expérience, militaire et civile, est exceptionnelle, sa réflexion sur « le courage, l’engagement, la fidélité, l’honneur, l’amour, la prison, la mort » constitue sans nul doute une magistrale leçon sur la vocation de l’officier et sur l’éthique militaire. Les braises de l’espoir et de l’amitié couvent sous la cendre des souvenirs.
Remarquables sont d’autre part : son attachement charnel à la terre, celle du Périgord et de la Drôme, du haut Tonkin et de l’Algérie ; ses rencontres avec des hommes vrais, qu’ils soient déportés ou légionnaires, partisans thôs ou harkis, lettrés vietnamiens ou colons d’Algérie ; son jugement sur les responsables politiques, modéré quand la situation est complexe et l’avenir incertain, impitoyable quand ils manquent à l’honneur ; la qualité de son écriture et la description poétique des paysages.
Avant tout, il reste de cette lecture la découverte d’un homme passionné et authentique, d’un chef de guerre exigeant et humain, d’un maître à penser pour les jeunes générations de Français. ♦