Pour mieux comprendre les conflits qui agitent notre planète, qu’il s’agisse de la guerre en Bosnie, des mouvements islamistes et hindouistes ou des problèmes comme ceux de l’immigration ou de la régionalisation, la géopolitique propose une méthode d’analyse efficace qui associe l’étude des enjeux actuels à la recherche des causes anciennes ou récentes. L’ampleur du sujet explique la très grande diversité des articles que le lecteur trouvera dans ce nouveau document de référence : États du monde (tous les pays, même les plus récents, sont traités), ensembles géopolitiques (monde musulman, Proche-Orient, Occident, Méditerranée), subdivisions territoriales, groupes ethniques, mouvements politiques, villes, fleuves, montagnes, îles, etc. À toutes ces entités qui représentent des enjeux géopolitiques, il convient d’ajouter des notions utiles pour la perception des grands problèmes contemporains : droit international, aménagements du territoire, désertification, castes, mégalopolis, droit de la mer, drogue, États nations, immigration, minorités, peuples, pétrole, génocide, Tiers-Monde, diasporas, panafricanisme, urbanisation, etc.

Pour être un ouvrage fiable, ce dictionnaire (dont les dernières mises à jour ont été effectuées à la fin de l’été 1995) s’efforce de conserver en permanence un caractère d’objectivité. C’est pourquoi l’auteur, le géographe Yves Lacoste (fondateur de la revue Hérodote et professeur à l’université de Paris VIII où il dirige la formation doctorale de géopolitique), s’est fixé pour but d’exposer et de faire comprendre les enjeux, les mobiles et les arguments opposés des forces en présence, ainsi que la perception qu’en ont les hommes qui s’affrontent. Comme il le souligne dans le long préambule, cette publication est donc un recueil des situations et des idées géopolitiques, qui entend répondre à un souci d’efficacité, car « la présentation des thèses contradictoires des protagonistes permet de mieux comprendre un certain nombre de conflits et comment ils sont susceptibles d’évoluer selon différents scénarios ». Ainsi, les rivalités de pouvoir sont d’abord celles des États, grands et petits, qui se disputent la possession ou le contrôle de certains territoires. Pour chaque cas, ce dictionnaire donne la localisation précise et les raisons invoquées du conflit, qui sont souvent liées aux ressources (par exemple, appropriation d’un gisement minier ou d’une zone sous-marine non encore prospectée), et parfois à des causes plus difficiles à discerner que cet ouvrage a également pour tâche de définir.

Cette nouvelle approche a été établie après qu’ont été dégagées les caractéristiques communes aux différentes sortes de phénomènes et de problèmes aujourd’hui considérés comme géopolitiques. C’est le résultat de vingt ans de recherches menées par l’équipe qui anime la revue Hérodote et qui a examiné, souvent sur le terrain, d’une part les causes et le déroulement de multiples tensions et conflits, d’autre part les réactions de l’opinion nationale et internationale. Les débats politiques entre citoyens tiennent désormais une place considérable dans l’évolution des événements géopolitiques. L’exemple le plus célèbre concerne la guerre du Vietnam, que les dirigeants américains durent abandonner sous la pression d’une opinion publique certes anticommuniste, mais de plus en plus choquée par les images que transmettaient les chaînes de télévision américaine. Pour l’auteur, la guerre du Vietnam, fortement médiatisée, peut être considérée comme le premier grand conflit géopolitique.

Cette véritable encyclopédie a été rédigée sous la direction d’Yves Lacoste par quarante-six spécialistes du monde entier. Pour éclairer les 1 400 articles, les auteurs ont réalisé 230 cartes schématiques. Cet apport pédagogique rend la lecture de ce document ambitieux particulièrement intéressante et à recommander. ♦