L’Europe de la défense reste un enjeu essentiel dans un monde où les crises stratégiques s’accroissent. La difficulté est l’absence actuelle d’un projet crédible et fédérateur pour une Europe en panne, voire déconsidérée par les Européens eux-mêmes. Toutefois, cela ne doit pas inciter au découragement. Bien au contraire, il faut redonner un sens à une Europe de la défense et préparer ainsi les conditions de sa sécurité.
Avant-propos - L’Europe sans défense ?
Foreword–A Europe Without Defense?
European defense remains a key challenge in a world where strategic crises are increasing. The difficulty is the current lack of a project that is believable and unifying for a broken Europe, maybe one held in disregard by even Europeans themselves. However, this should not lead us to discouragement. On the contrary, one must re-give Europe a sense of direction for their defense and, thus, preparation for their security requirements.
Il est des moments où les questions de sécurité et de défense se posent avec plus d’acuité, plus de gravité. Nous sommes dans l’un de ces moments. Ukraine, Mali, RCA, Irak, Syrie, Libye ; les conflagrations violentes se multiplient aux portes de l’Europe, jusque dans son voisinage le plus immédiat, à l’Est comme au Sud. Cette ceinture de menaces qui enserre l’UE projette un éclairage nouveau sur la politique européenne de défense, et même sur la défense de l’Europe. Quand des hommes se battent à nos frontières (Ukraine) et que d’autres (AQMI, Daesh, Boko Haram) appellent à notre destruction, la défense revient au-devant de la scène pour les responsables politiques ou les simples citoyens.
Ma première conviction est le fruit d’un double constat. Nous, Français, ne pouvons pas assurer seuls notre défense face aux dangers du monde. Nous, Européens, ne pouvons pas attendre que d’autres l’assurent à notre place. Ceux qui refusent ce double constat se bercent d’illusions dangereuses. Ainsi, l’Europe de la défense devient un sujet crucial, et des progrès dans ce domaine sont nécessaires pour assurer notre sécurité.
Le discours optimiste sur l’Europe n’a pas bonne presse. Pour avoir activement pris part, depuis des années, aux campagnes sur les enjeux européens, je peux témoigner du fait que ce n’était déjà pas le cas avant le vote europhobe de mai 2014. Cela fait longtemps que prédomine le dénigrement de l’Europe. Pour autant, nous aurions tort de nous réfugier dans la résignation. Cela serait autant de terrain gagné par les europhobes de tous bords. Européenne convaincue, évidemment, je m’y refuse. Bien au contraire, contre l’anxiété sociale et l’euroscepticisme – voire l’europhobie – qui se sont exprimés lors du dernier scrutin européen, je crois que nous avons plus que jamais intérêt à montrer que l’Europe est indispensable. Y compris sur les questions de défense qu’on ne saurait déconnecter de l’économie, de l’emploi et du social. Jean-Yves Le Drian souligne à juste titre ce qu’apporte l’industrie de défense à l’Europe.
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