Il était une fois un monde merveilleux. Un nouveau monde que l’on disait « globalisé ». Un monde relié, interconnecté en toute liberté, sans frontière, sans barrière, sans idéologie, sans haine et sans guerre. Un monde dans lequel les démocraties pouvaient fleurir au printemps. Un espace où il n’y avait plus d’oppresseurs ni de tyrans. Une terre où les dirigeants incarnaient tous des parangons de vertu, désintéressés, tournés vers le bien commun, « touittant » leur vie privée en guise de transparence. Dans cet élan, même la quête de puissance des États avait disparu, balayée par une Histoire en fin de course. Il suffisait de se pencher un peu pour cueillir à pleines mains les dividendes de la paix… La notion même de puissance s’effaçait dans le vague souvenir d’un machisme politique, périmé et nocif.

C’était si beau d’y croire ! Mais pour ceux qui y ont vraiment cru, il est temps de réaliser que cet espoir s’est dissipé. Aujourd’hui, de multiples formes mutantes de la puissance percent déjà la toile idéalisée et montrent un monde en proie à de multiples frictions, à des réactions identitaires, à de violentes rivalités économiques et politiques, à des affrontements guerriers… On rejoue simultanément la guerre de Crimée, celle de Palestine ; on relance le djihad et on invente de nouvelles guerres, dans le cyberespace, avec un Big Brother démasqué par l’un de ses propres enfants !

La quête de puissance reprend ses droits. Mutante par nature, la puissance s’adapte au nouveau monde en maniant toujours le sabre, en jouant encore de l’esprit, mais elle cherche aussi maintenant à canaliser l’électron !