La Russie, puissance continentale, a toujours regardé vers la Méditerranée tout au long de son histoire millénaire. Souvent en conflit, en particulier avec l’Empire ottoman, ou en rivalité avec les puissances occidentales, les dirigeants russes ont l’ambition d’être des acteurs de premier plan dans le Mare Nostrum.
La Russie : une puissance méditerranéenne ?
Russia: A Mediterranean Power?
Russia, the continental power, has always looked towards the Mediterranean throughout its long military history. Often in conflict, particularly with the Ottoman Empire, or in rivalry with the Western powers, the Russian leadership has the ambition to be one the premier actors in the Mare Nostrum.
On a assisté, en janvier 2014, à un déploiement impressionnant de la flotte russe en Méditerranée. Il y avait le croiseur nucléaire Petr Velikiy et son escorte, le groupe aéronaval emmené par le porte-avions Kuznetsov, le destroyer lance-missiles Admiral Levtchenko ainsi que le bâtiment de débarquement de chars Olenegorski Gorniak, le pétrolier ravitailleur Serguey Osipov et des unités de soutien. Il y avait au large de la Syrie la vedette lance-missiles Ivanovet et le navire lance-missiles Chtil. Le Moskova, croiseur lance-missiles a franchi le détroit début septembre, suivi du Smetlivy, bâtiment spécialisé dans la lutte anti-sous-marine. Il faut aussi mentionner le Priaozouye, navire collecteur de renseignements et le Nicolas Filchenko pouvant transporter des troupes et du matériel. Cette liste n’est pas exhaustive.
La raison officielle de cette présence est la protection des cargos chargés d’acheminer l’arsenal chimique syrien vers l’Italie. Elle s’explique aussi par la volonté de Moscou d’afficher son soutien au régime de Bachar El-Assad. Elle vise enfin à marquer la fin d’une époque, celle du repli, depuis 1991, de la puissance militaire russe en Méditerranée. Il y a maintenant une volonté clairement exprimée de développer une présence militaire permanente que Vladimir Poutine justifie ainsi en 2013 : « Le rétablissement de la présence permanente de la marine russe en Méditerranée ne témoigne guère de l’envie de brandir des armes. En commun avec nos partenaires, notamment de l’Otan, nous avons vraiment fait face à la menace émanant de groupes criminels, y compris dans la lutte contre la piraterie ». Il est vrai que cette référence à « nos partenaires de l’Otan » se situe avant la crise Russie-Ukraine et ses multiples conséquences. Poutine ajoute qu’en cas de besoin ou de problème dans les régions voisines, l’escadre pourra être utilisée en Méditerranée, dans l’Atlantique et l’océan Indien.
Le conflit avec la Géorgie en 2008 puis avec l’Ukraine en 2014, le retour de la marine russe en Méditerranée, le soutien au régime de Damas, signifient-ils, comme l’affirment la plupart des « experts » et des gouvernements occidentaux, que V. Poutine veut relancer la guerre froide ?
Il reste 89 % de l'article à lire