L’instabilité du monde d’aujourd’hui est le reflet de l’instabilité du monde d’hier. Malgré les leçons de l’histoire, la conflictualité reste prégnante avec un accroissement des causes profondes de crises et de guerres. L’Histoire reste tragique. L’oublier conduit inexorablement à l’échec.
C’était le monde d’hier
It was the World of Yesterday
The instability of the word today is a reflection of the instability of the world of yesterday. Despite the lessons of history, conflict is still significant, with a growth of the root causes of crisis and war. History is tragic. To forget leads, inexorably, to failure.
Il y a soixante-dix ans paraissait l’ouvrage éponyme et post-mortem de Stefn Zweig Le Monde d’hier. Souvenirs d’un Européen. Deux ans après son suicide en plein exil, il y décrivait avec nostalgie, mais aussi une lucidité accrue, teintée d’impuissance, les conséquences radicales et désastreuses du premier conflit mondial sur son pays d’origine, l’Empire austro-hongrois et le monde au sens large (rappelons qu’il s’est suicidé au Brésil, au bout de sa fuite du vieux continent). Suivaient dans ce récit, l’enchaînement tragique vers la Seconde Guerre mondiale et les débuts de l’Holocauste, dont il connaissait l’ampleur.
Cette riche période de commémorations, d’une densité sans doute jamais atteinte en France depuis celles du bicentenaire de la Révolution française, nous amène fréquemment à dresser des parallèles entre l’actualité et l’état du monde avant la « marche à la guerre » de 1914. Pourtant, quelques mois après avoir vécu à distance ce cheminement qui a mené à ce conflit fondateur du XXe siècle, elle n’apparaît plus tout à fait comme aussi mécanique et fatale que l’histoire officielle nous la décrivait et cette absence de logique nous interpelle sur les événements de ce début de XXIe siècle.
En effet, sans rechercher dans les anniversaires commémorés des clefs de lecture systématique de l’histoire contemporaine, il est difficile de rester indifférent à l’idée que le monde en général et l’Europe également semblent, une fois la page du XXe siècle vraiment tournée, entrés dans une phase particulièrement propice à des désordres croissants. Avec près de vingt ans de maturation, la conjugaison de la Fin de l’histoire et du Choc des civilisations nous apparaissait comme malheureusement fortement contributeurs à son évolution, et exige des réactions vigoureuses et visionnaires.
Il reste 85 % de l'article à lire