Les déshérités ou l’urgence de transmettre
Les déshérités ou l’urgence de transmettre
Agrégé de philosophie, François-Xavier Bellamy est un chroniqueur apprécié. Voici son premier livre, bien venu puisqu’il y fait le diagnostic de ce dont nous souffrons : le rejet de l’héritage culturel. L’ensauvagement s’en suit. À vrai dire, notre déculturation vient de loin et Bellamy dénonce les trois grands destructeurs : Descartes, Rousseau et… Bourdieu. La mise en accusation du premier surprendra. Pourtant qu’enseigne Descartes, sinon le désamour de l’école ? Que chacun doute de tout et choisisse seul sa voie ! La transmission, voilà le mal dont il faut se défaire. Rousseau en repoussoir étonnera moins. « L’heureuse ignorance », « le bon sauvage », ces mythes sympathiques ont certes mal vieilli.
Pourtant Vincent Peillon, ministre heureusement éphémère de la non-éducation, avait pris L’Émile pour modèle. « Je hais les livres », disait Rousseau. « Nous aussi », rigolent en chœur nos enfants. La numérisation des données met la culture en boîte, l’ordinateur est un vaste cercueil. Le temple de l’inculture moderne existe : c’est l’IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres), où l’on révère Bourdieu. Celui-ci voulait du passé faire table rase, mais c’était pour dresser, sur la table ainsi débarrassée, l’utopie marxiste, la plus contraignante qui soit.
François-Xavier Bellamy ne renonce pas. Il nous faut refonder la culture, laquelle ne se distingue pas de sa transmission, héritage sans cesse enrichi. La culture n’est pas un avoir, elle est constitutive de notre être, « elle augmente ce que nous sommes ». La mondialisation est son ennemi. Elle entraîne l’indifférence, dont la théorie du genre est le parfait exemple. Bellamy et Finkielkraut, même combat ! ♦