Usée par l'exercice du pouvoir dans des conditions économiques et sociales difficiles, la démocratie-chrétienne a subi des pertes sensibles aux élections régionales du 15 juin dernier tandis que le Parti communiste italien (PCI) enregistrait une progression de plus de 5 % des voix et enlevait 47 sièges supplémentaires. Ce renversement de l'équilibre politique italien dépasse la portée locale de ces élections. Comment les partis l'analysent-ils ? Quelle stratégie vont-ils adopter ? L'ouverture vers le PCI semble à la fois nécessaire et dangereuse. Dans cette analyse, l'auteur le souligne, le facteur relations internationales et notamment l'aide américaine jouent un rôle important qui limite les marges d'initiative des acteurs ; le PCI, pas plus qu'un autre parti, ne saurait les négliger.
Vers une autre Italie ?
Le 15 juin 1975, 39 millions d’Italiens étaient appelés à renouveler les conseils régionaux des 15 régions à statut ordinaire (Piémont, Lombardie, Ligurie, Vénétie, Émilie-Romagne, Toscane, Ombrie, Marches, Latium, Abruzzes, Molise, Campanie, Pouilles, Basilicate, Calabre), 86 conseils provinciaux sur 95 et 6 345 conseils communaux sur 8 065 dont pratiquement tous ceux des grandes villes à l’exception de Rome et de Gênes. Il s’agissait donc d’élections locales, sans effet direct sur le gouvernement. Mais l’importance du corps électoral engagé, la réalité des pouvoirs dont disposent en Italie les Assemblées et les Juntes (exécutifs) régionales, la place essentielle de l’administration locale dans le contrôle du pouvoir par l’intermédiaire d’un réseau très ramifié de clientèle et de source de financement, donnaient à ces élections une portée et une signification presque égales à celles d’élections législatives.
Qu’il ait suffit cependant de mouvements dont l’ampleur ne dépasse guère 5 % dans les résultats pour remettre en cause l’ensemble des équilibres du pouvoir et peut-être même l’avenir du régime, montre bien la profondeur de la crise que connaît aujourd’hui l’Italie.
Il est vrai que ces mouvements concernent en premier lieu la démocratie-chrétienne et le parti communiste, c’est-à-dire les deux grands partis dont les rôles depuis trente ans restaient immuables, le premier au gouvernement, le second à l’opposition, sans alternative possible.
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