Le lieutenant Déodat
Les aventures passionnantes du lieutenant Déodat plongent successivement le lecteur dans trois contextes : l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, la campagne de France de mai et juin 1940 et la Mauritanie des années 1941, 1942 et 1943. À Saint-Cyr, le jeune élève officier découvre non seulement les traditions d’une institution prestigieuse, mais aussi les brimades des anciens qui sont souvent l’occasion de profondes méditations, les épreuves physiques particulièrement difficiles et les séances d’entraînement menées par des instructeurs, certes compétents et courageux, mais toujours façonnés dans un moule rigide et uniforme.
Le baptême du feu du héros de ce sympathique roman prend place lors des premières phases tragiques de la Seconde Guerre mondiale. Sur cette question, le livre nous rappelle l’engagement, sur notre territoire, des unités d’outremer, en particulier des vaillants tirailleurs sénégalais. Cette partie de l’ouvrage touchera la corde sensible de tous ceux qui éprouvent un profond sentiment de reconnaissance envers les troupes coloniales d’Afrique qui se sont battues pour défendre notre patrie. L’auteur se fait d’ailleurs un devoir de mentionner que, des 63 300 Noirs africains ayant participé à la bataille de France, plus de 24 000 ont été tués, blessés ou portés disparus.
Les chapitres consacrés au séjour du lieutenant Déodat en Mauritanie permettent au lecteur de prendre la mesure des coutumes particulières et du style de vie attachant des méharistes et des groupes nomades. L’auteur nous transmet ici sa longue expérience et son extraordinaire passion du désert, jalonnées de rencontres insolites et d’amitiés locales. Tous ces graves sujets sont abordés avec humour dans un style simple et un langage direct qui utilise les expressions typiques des militaires ou des indigènes (sénégalais et mauritaniens) rencontrés tout au long du roman. La flamme de l’auteur côtoie l’émotion et même le romantisme dans des lettres à Marie qui donnent l’occasion au lecteur de réfléchir sur quelques aspects de la vie militaire de l’époque et sur certains comportements spécifiques des nomades du désert.
Il est incontestable que ce livre captivant plaira non seulement à la communauté militaire (en particulier aux anciens des Troupes de Marine), mais aussi à tous ceux qui apprécient les ouvrages où se mêlent le drame, l’humour, la cocasserie et l’enthousiasme pour des peuples à la fois si loin et si proches de nous. Plus connu comme auteur d’essais (La guerre est morte, Un discret massacre) et d’articles de géopolitique et de géostratégie, le général Le Borgne nous fait découvrir dans ce roman, à la fois grave, drôle et railleur, un des nombreux aspects de son talent. ♦