Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques
Quatre chercheurs et enseignants passent ici en revue l’univers politique par ordre alphabétique, d’« absolutisme » à « vote » : plus de 300 rubriques, chacune signée des initiales de l’auteur responsable et accompagnée de références bibliographiques. Dominent les C et P, ce qui permet au lecteur serein de passer de « consensus » à « pacifisme », et au belliqueux de « coup d’État » à « putsch ». Comme le précise l’avant-propos après le titre, l’ouvrage couvre deux domaines « distincts bien que liés » : celui des concepts, celui des institutions. Un système astucieux de sous-entrées et de renvois permet pour l’essentiel d’éviter les répétitions, risque évident dans une telle entreprise.
L’apport quantitatif de chacun des quatre, qui en appellent largement à Max Weber et à Durkheim (sans oublier, c’est de bonne guerre, leur propre production) est à peu près égal. Une consultation attentive permet de discerner des spécialités individuelles, l’un s’étendant par exemple plus volontiers sur les théories, un autre développant de préférence l’application. Bien entendu, la malveillance pousse à faire la chasse à la partialité et le soupçonneux va rechercher les passages tendancieux : quête vaine, les coups de patte sont exceptionnels et, sauf naïveté de notre part, le livre n’est destiné à l’enfer ni dans la bibliothèque d’Ariette, ni dans celle de Jean-Marie. La description, comme il sied dans l’université, est du meilleur genre didactique et le commentaire est empreint de mesure. On pourra le vérifier sur « démocratie » comme sur « populisme », sur « méritocratie » comme sur « liturgie politique ». Il fallait, pour se maintenir dans un volume réduit, opérer des choix parmi les termes disponibles sur le marché. Nos experts ont tranché ; aussi serait-il mesquin de leur chercher querelle, tant pour se demander ce que vient faire l’« empirisme » dans cette politique galère que de s’indigner de la portion congrue réservée à la « Constitution ».
La place de la mathématique est mince. Depuis qu’Aristote se prend pour Pythagore et Démosthène pour Euclide, on aurait pu craindre une avalanche d’histogrammes et d’équations. Il n’en est rien. Les sacro-saints sondages tiennent sur une colonne et demie. En revanche, à côté d’une forte majorité d’articles de lecture facile et émaillés parfois de formules heureuses, voire plaisantes, quelques textes sont plus ardus à déchiffrer. On est abreuvé de « paradigmes » et on n’évite pas totalement le jargon lorsque « le développe-mentalisme devient un champ de questionnement comparatif » ou que « la notion de légitimité doit s’appréhender au niveau descriptif dans sa prégnance effective ».
Voici un livre sans doute utile, une mine de définitions et de références, qu’on trouvera plus sur les tables de « chez Basile », où l’on entend le paradigme, qu’à la terrasse du Fouquet’s. Il permettra de méditer, en cette année riche en scrutins, sur la façon dont la science politique « tente, de nos jours, de réintroduire le poids des valeurs dans sa compréhension du comportement électoral ». ♦