Le mur de Berlin a volé en éclat il y a un quart de siècle, avec des changements majeurs notamment pour l'Europe. Cependant, la stabilité et la sécurité espérées alors ne sont plus aujourd'hui d'actualité et les tensions géopolitiques obligent à revoir notre stratégie.
Préambule - 25 ans après
Preface—25 years later
The Berlin wall was smashed to pieces a quarter century ago, with major changes notably for Europe. However, the stability and the peace hoped for then are no longer relevant today and geopolitical tensions force us to reconsider our strategy.
Si aujourd’hui, la date du 9 novembre 1989 apparaît comme un jour historique, il faut l’admettre avec beaucoup d’humilité, peu comprirent en cette fin de journée quasi ordinaire combien l’ordre international allait en être définitivement bouleversé. Il est vrai que l’info en continu venait juste de débuter. Si CNN avait été créée en 1980 aux États-Unis, il n’y avait pas encore l’équivalent en Europe. Et France-Info n’avait que deux ans. Sans parler d’Internet, encore limité aux laboratoires américains. De fait, les grands rassemblements de protestation organisés par les églises protestantes à Leipzig ou à Dresde ne faisaient guère la « une » de la grand-messe du 20 h sur les écrans français. Et pourtant…
La chute des murs ? Il y a 25 ans, à la suite d’un malentendu entre les hiérarques est-allemands, les barrières du mur de Berlin étaient ouvertes, sans préavis, permettant d’une part aux Est-Berlinois de pouvoir enfin aller à l’Ouest et d’autre part, quelques mois après, la chute du bloc soviétique incapable d’affronter la modernité. Effondrement d’un système totalitaire que peu avaient su prédire auparavant, tant le modèle marxiste semblait incarner la seule solution au capitalisme occidental, même si depuis 1978 et l’élection du Pape Jean-Paul II, les lézardes fissuraient le monde communiste. Désormais, une génération nous sépare de cette rupture, dont beaucoup de protagonistes ont quitté la scène politique ou ont disparu. Le recul du temps permet à l’historien ou au stratégiste d’en tirer des bilans, voire d’en comprendre les conséquences sur le long terme.
La tyrannie du temps médiatique accéléré par les réseaux sociaux, que nous connaissons aujourd’hui, vient se fracasser sur le temps historique qui compte effectivement en générations. Ainsi, la guerre en ex-Yougoslavie s’est inscrite dans un processus non pas commencé à la mort de Tito en 1980, mais dans la lente construction-déconstruction de l’espace balkanique, zone de confrontation entre l’Europe chrétienne et l’Empire ottoman. Et si en 2014, la France vient de quitter le Kosovo après 15 ans d’opérations, il n’est pas sûr que toutes les plaies soient cicatrisées dans l’ex-Yougoslavie. Il suffit d’analyser les résultats des différents scrutins pour constater que les candidats nationalistes sont souvent en tête. Ou encore de voir la crispation du récent voyage d’un dignitaire albanais en Serbie. Il faudra encore plusieurs décennies pour que les passions s’y apaisent, à condition qu’il y en ait la volonté de part et d’autre.
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