Le renseignement d'origine aérienne est un facteur décisif pour la conduite des opérations, tant en amont que durant la phase de conduite. Les capacités mises en œuvre par l'Armée de l'air contribuent donc à cette fonction en apportant un spectre très large et répondant aux besoins stratégiques et tactiques dont la France a besoin.
L'apport de la puissance aérospatiale à l'acquisition du renseignement
The contribution of aerospace power to the acquisition of intelligence
Aerial intelligence is a decisive factor for conducting operations, both before and during. The capabilities put into place by the Aerial army contribute to this function while providing a large spectrum and while responding to France’s strategic needs and tactics.
Déclenchée par le président de la République le 19 septembre 2014, l’opération Chammal voit, depuis cette date, l’engagement au-dessus de l’Irak de plusieurs aéronefs français (Rafale, avions de ravitaillement C135, Atlantique-2) dans le cadre de missions de renseignement, dont plusieurs ont donné lieu à des frappes contre des installations ou du matériel militaire de Daech. De la même manière que celles menées en Afghanistan, en Libye ou au Mali, cette opération illustre une nouvelle fois le rôle central des capacités ISR (Intelligence, Surveillance and Reconnaissance) qui permettent d’« agir avec la réactivité nécessaire » (1). L’enjeu est de recueillir et de transmettre la bonne information au bon acteur au bon moment, et ce, quel que soit l’échelon considéré. Il s’agit autrement dit, pour reprendre le mot d’Auguste Comte, de « savoir pour prévoir afin d’agir ». C’est là, l’un des grands principes de l’art militaire partagés par tous les stratèges à travers l’histoire. Napoléon n’affirmait-il pas que « la connaissance des mouvements de l’ennemi est un des plus grands éléments d’une parfaite réussite » (2) ?
Comme l’histoire en témoigne, l’utilisation de la troisième dimension a un rôle prépondérant en la matière. En effet, depuis la bataille de Fleurus en 1794, où un ballon (L’Entreprenant) a permis d’observer le dispositif adverse, le fait aérien est étroitement lié aux missions d’acquisition du renseignement. À l’occasion d’un colloque organisé en 2009 par le Centre d’études stratégiques aérospatiales, le chef d’état-major de l’Armée de l’air rappelait d’ailleurs que « c’est grâce aux missions de reconnaissance que l’aviation militaire a connu ses premières heures de gloire en 1914 ». Le champ des possibles s’est depuis largement étendu en particulier avec le passage, au cours de la guerre froide, d’un renseignement strictement aérien à un renseignement aérospatial, le développement de capacités de reconnaissance à long rayon d’action et longue endurance dont les avantages ont été mis en évidence dès septembre 1974 par les Mirage IV au Tchad ou plus récemment avec les drones. L’histoire de l’arme aérienne est ainsi intimement liée à l’ISR. L’Armée de l’air a d’ailleurs fait de cette capacité l’un des cinq socles de son aptitude à combattre aux côtés du commandement et du contrôle (C2), de l’intervention immédiate, de la projection, de la formation et de l’entraînement.
L’ISR : un élément du patrimoine génétique
de l’arme aérienne
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