Le désarmement, en particulier nucléaire, reste un sujet majeur sur l'échiquier diplomatique international. Si l'Iran est au cœur de discussions plutôt laborieuses, d'autres initiatives, souvent portées par l'opinion publique internationale, restent d'actualité. Il faut cependant rester réaliste, car les événements de l'été 2014, entre Ukraine et Irak, n'inciteront guère les États leaders à s'engager dans une réduction massive de leurs armements.
Les nouveaux partenaires du désarmement
New partners of disarmament
Disarmament, in particular nuclear, remains a major subject on the international diplomatic stage. If Iran is at the heart of these rather laborious discussions, other initiatives often affected by international public opinion, remain on the agenda. It is necessary, however, to remain realistic, as the events of the summer of 2014, between Ukraine and Iraq hardly inspire the leaders of States to begin massive reductions of their arms.
Les prochains mois seront déterminants pour le désarmement et la non-prolifération. Plusieurs négociations, conférences et accords essentiels à la paix mondiale sont en préparation : avant tout, les négociations en vue d’un accord sur le nucléaire iranien, dans un contexte régional particulièrement instable ; mais aussi la conférence de Vienne en décembre 2014 sur les conséquences humanitaires de l’arme nucléaire ; les discussions d’experts gouvernementaux sur les éléments qui pourraient figurer dans un traité interdisant la production de matières fissiles pour les armes nucléaires ; les analyses et conférences sur la question du terrorisme nucléaire, qui culmineront avec une conférence à Washington en 2016 ; le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (Ticen), dont on attend toujours la ratification prochaine par des États-clés ; les négociations entamées depuis plusieurs années pour une zone sans armes nucléaires au Moyen-Orient, qui devait donner lieu à une conférence avant la prochaine conférence de revue du Traité de non-prolifération (TNP) en 2015 ; un succès de la revue du TNP constituerait le meilleur point d’ancrage pour relancer la dynamique du désarmement.
Le contexte actuel est défavorable. Au blocage de la Conférence du désarmement des Nations unies depuis 1996 s’est ajouté celui de la Commission du désarmement en 1999. Le Ticen ouvert à la signature depuis 1996 n’est pas entré en vigueur, n’ayant pas été ratifié par les États-Unis malgré leur volonté d’y parvenir, ni la Chine, l’Égypte, l’Iran et Israël, ni même signé par les deux puissances nucléaires du Pakistan et de l’Inde. Quant à la revue du TNP, sa Commission préparatoire en vue de la prochaine conférence de revue n’est pas parvenue à l’été 2014 à un consensus sur les recommandations à discuter.
Cette paralysie au plan multilatéral a des causes profondes. Il existe d’abord un déséquilibre entre les puissances nucléaires qui se sont engagées en 1968 avec le TNP à désarmer et à négocier de bonne foi, mais qui n’y sont pas contraintes, et des nations devant arrêter la prolifération, contraintes par le même traité. Il y a ensuite, alors que les besoins énergétiques augmentent constamment dans nos sociétés, des tensions entre les États craignant le développement du nucléaire militaire et ceux possédant ou cherchant à acquérir les technologies du nucléaire à des fins pacifiques ; environ 45 États du « seuil », selon le Ticen, ont la capacité technique de se rapprocher du club de l’arme nucléaire. Il y a enfin les divergences fondamentales de vues entre les penseurs du désarmement, qui proposent un processus organisé permettant à terme l’abolition de l’arme nucléaire, et la permanence des stratégies de dissuasion nucléaire invariablement basées sur une arme nucléaire définie comme outil ultime « de souveraineté ». C’est donc progressivement, étape par étape, sans amalgame entre désarmement, non-prolifération et usage du nucléaire à des fins pacifiques, que ces dilemmes doivent être résolus.
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