Editorial
Éditorial
L’année 2014 s’est achevée dans l’incertitude totale. Crises extérieures majeures comme au Levant où l’émergence d’une entité hybride – l’État islamique, s’autoproclamant « califat » – menace non seulement la région, mais a entraîné une guerre
de religion abominable au sein du monde musulman, en Ukraine où le canon a succédé aux manifestations du printemps avec une Russie au discours agressif, en Afrique subsaharienne où les forces françaises continuent de lutter contre les groupes terroristes islamistes dans le Sahel et participent à rétablir un État de droit en Centrafrique, en Asie où les tensions persistent entre la Chine et ses voisins et où la Corée du Nord poursuit une fuite en avant avec un cynisme déroutant et ridicule… Sans parler d’autres théâtres où la violence reste le seul outil de discussion. Il faut cependant souligner ici quelques signes d’ouverture et d’espérance comme un timide dialogue, malgré la question nucléaire, entre Téhéran et les Occidentaux face au terrorisme intégral de Daesh et surtout le spectaculaire rapprochement entre Cuba et Washington, notamment avec l’appui discret mais essentiel du Pape François. Un des derniers vestiges de la première guerre froide pourrait ainsi s’effacer.
En effet, une seconde guerre froide s’est ouverte avec la Russie, sur fond de nationalisme exacerbé et de retour à des pratiques que l’on pensait révolues, comme les survols agressifs des avions russes en Europe du Nord. Les inquiétudes pour 2015 sont de ce fait nombreuses et dès lors, sujets de travail et de réflexion pour la RDN, à commencer dans ce numéro par le thème toujours d’actualité de la prolifération NRBC – la menace chimique étant une réalité en Syrie. Si les mécanismes de contrôle, en particulier le Traité de non-prolifération (TNP), ont été assez efficaces, il faut rester réaliste et constater que d’autres proliférations existent, en particulier dans le domaine balistique. Face à ces risques, la France n’est pas indifférente et reste un acteur essentiel surtout dans les négociations avec l’Iran. Nous participons activement aux travaux menés par l’Otan pour développer une défense antimissile balistique crédible même si les difficultés techniques sont importantes. C’est aussi la présentation de nos capacités de réaction face au danger chimique, développées par le Service de santé des armées qui montre ainsi une facette peu connue mais essentielle pour assurer la résilience de notre défense et de notre pays.
2015 sera une année ardue avec des crises non résolues, des guerres comme au Levant, des engagements importants pour notre défense, elle-même dans un processus de transformation difficile, avec le risque réel de perdre des aptitudes opérationnelles pourtant indispensables face aux menaces de demain. La RDN contribuera à éclairer ces incertitudes stratégiques, à discerner les enjeux et à expliquer combien la défense est une exigence majeure pour notre pays, imposant des choix s’inscrivant dans la durée et conformes à nos vrais intérêts. Enfin, la RDN exprime tous ses vœux à ses lecteurs, à ses auteurs, à nos familles et à la France.
Bonne année 2015.