Faisant suite à l'article de Pierre Delisle consacré, dans notre dernier numéro (décembre 1975), à « La stratégie soviétique en Europe après la CSCE », en voici deux autres évoquant les perspectives qui s'offrent, sur le plan intérieur soviétique, à la veille du XXVe Congrès du PCUS qui doit se tenir en février 1976. Le premier analyse la situation pour le cas où le « numéro un » soviétique se retirerait. Il passe en revue les successeurs possibles de M. Brejnev et envisage les orientations vraisemblables sur le plan du développement économique, de la politique agricole, du commerce extérieur et de la capacité d'évolution de l'appareil administratif en vue de promouvoir les réformes nécessaires. Le second aborde les mêmes sujets mais du point de vue de la stratégie générale du communisme soviétique, de l'idéologie et du rôle directeur du PCUS. Les deux auteurs expriment des opinions et émettent des hypothèses qui n'engagent qu'eux-mêmes.
Perspectives soviétiques à la veille du XXVe Congrès
Comme les précédents, le XXVe Congrès du P.C. soviétique, qui doit s’ouvrir le 24 février prochain (1), va mobiliser l’attention des opinions publiques et des gouvernements. Et cela à juste titre car, par leurs implications internationales, de telles assises débordent largement leur cadre strictement local et affectent, directement ou non, le monde dans son ensemble.
À un mois de cette réunion, qui fixera pour cinq années (2) le programme d’action du Parti, force est de constater que des incertitudes demeurent quant à son contenu et à sa portée. Sans doute cette remarque vaut-elle moins, dans l’état actuel de l’information, pour la politique étrangère que pour la politique intérieure. Déjà, en effet, on discerne ce que seront vraisemblablement les grandes directions dans lesquelles se déploiera la diplomatie soviétique (poursuite de la détente complétée par la « détente militaire », c’est-à-dire par des entreprises de sécurité et de désarmement ; cohésion du camp socialiste, etc.) (3). En revanche, l’incertitude demeure grande sur la scène intérieure, qui cependant, à bien des égards, commandera l’évolution de l’action soviétique à l’extérieur. Or, un problème fondamental se pose : le XXVe Congrès sera-t-il ou non celui de la succession de M. Brejnev, si celle-ci est réellement ouverte ? Quelle que soit la réponse qui sera donnée à cette question, la prochaine équipe dirigeante devra faire face à un certain nombre de problèmes récurrents et leur chercher éventuellement des solutions qui influeront sur le développement de l’U.R.S.S. pour de nombreuses années. En somme, le Congrès pourrait, au-delà des décisions qu’il prendra, donner des indications utiles sur l’évolution à long terme de l’Union Soviétique.
Pour ces différentes raisons, il a paru utile de consacrer cette étude aux aspects intérieurs du prochain Congrès, en ayant cependant conscience de la nécessaire fragilité des hypothèses et des conclusions qui pourront être émises sur un sujet aussi complexe que celui-ci.
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