La désintégration de la Yougoslavie et l’émergence de sept États successeurs
La désintégration de la Yougoslavie et l’émergence de sept États successeurs
On ne peut qu’être impressionné par le nombre et la précision des analyses présentées ici par un spécialiste reconnu du dossier yougoslave. Les termes utilisés pour le titre de ce gros ouvrage frappent tout autant. Il est vrai que l’affaire n’est pas simple. Les Balkans restent les Balkans, terre de contraste, de rivalité et de violence. Les minorités s’emboîtent comme des poupées russes au détriment de toute homogénéité. Il y a trop de distance entre un Slovène et un Macédonien et même lorsqu’existe une indéniable proximité culturelle, comme entre Serbes et Monténégrins, les occasions de divergence ne manquent pas. La situation de la Tchécoslovaquie est beaucoup plus simple, même si les Sudètes ont causé naguère quelque souci à Prague.
La Serbie est bien entendu ici un élément dominant et le rêve de « Grande Serbie », aujourd’hui mis à mal, est resté un facteur essentiel au cours de la période considérée. Le personnage clé de cet objectif ambitieux est Milosevic que l’auteur accable. Comparé à Ceausescu dans son style, le leader serbe est l’inspirateur de « bombardements sauvages » et de « nettoyages ethniques ». Les termes de « mafia » et de « pègre », s’appliquent à ses actions. Voilà sans doute qui chagrinera quelque peu les lecteurs français habitués à célébrer la « vaillante petite Serbie » et à honorer le souvenir du roi Pierre Ier, tandis que le président Mitterrand était « aveuglé par ses préjugés et ses ignorances ». Quant au Kosovo, il est décrit comme le théâtre d’activités criminelles serbes au détriment des Albanais. Face à une Russie timide, l’Europe ne se presse pas d’accueillir de probables trublions et cet orchestre quelque peu discordant est dirigé depuis Washington. ♦