Les « printemps arabes » traduisent une crise profonde de certains États confrontés à des chocs multiples, entre autoritarisme, crise identitaire de sociétés en perte de repères et incapacité à affronter des modernités issues d'une mondialisation mal assumée.
« Monde arabe » : une transition lourde de menaces
“Arab World”: a Transition Heavy with Threats
The “Arab Spring” manifested as a profound crisis for certain states confronted with multiple shocks, between authoritarianism, an identity crisis of society that has lost its bearings, and an incapability to face modernity, ending with a poorly accepted globalization.
Beaucoup parmi ceux qui ont cru au « Printemps arabe » parlent aujourd’hui d’« Hiver arabe ». Ces deux terminologies sont trompeuses car elles ne correspondent pas à la réalité complexe des pays concernés. L’identification de la nature d’un événement et d’une situation a de l’importance car, entre autres, elle conditionne, dans une phase ultérieure, l’action des États qui ne sont pas directement impliqués mais qui, néanmoins, sont convaincus d’avoir des intérêts à défendre loin de leurs frontières. Si bien que, lorsqu’on procède à des analyses conduisant à l’erreur, sinon à la faute politique, on aggrave la situation au lieu de contribuer à régler les problèmes. C’est ainsi que l’on a eu du mal à comprendre que ceux qui se battent contre des dictateurs ne sont pas forcément tous des démocrates.
Qu’est-ce qui se joue dans le « Monde arabe » ? Dans quelle séquence de son histoire se trouve cette zone allant de l’Atlantique au golfe Arabo-Persique ? Pour répondre à ces questions essentielles, l’approche transversale est non seulement utile et pertinente, mais plus encore, indispensable. Cela ne doit pas occulter la diversité des cas et leur différence de degrés et non de nature.
Les pays arabes se trouvent depuis une trentaine d’années dans une phase de transition, celle-ci ne se réduisant pas au déroulement d’élections pour la première fois pluralistes. Ici, la transition est un enjeu vital. Elle se caractérise, principalement, par deux facteurs interdépendants : des difficultés incommensurables à s’adapter à l’économie de marché mondialisé ; sur le plan politique, des incertitudes et de la confusion.
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