Sciences et techniques - L'opération Jennifer et le repêchage d'objets sous-marins : technique avancée du renseignement ?
Au début de l’année 1975, la presse révélait que le navire américain Glomar Explorer avait partiellement réussi, au cours de l’été 1974, le relevage de l’épave d’un sous-marin soviétique coulé par 5 000 mètres de fond dans l’Océan Pacifique. Le nom de code donné à cette opération était « Jennifer ». L’événement met en relief les progrès accomplis par les Américains dans les techniques de relevage d’objets coulés à grande profondeur. Mais l’opération Jennifer n’est que la manifestation la plus spectaculaire des efforts américains entrepris depuis longtemps dans ce domaine.
En 1968, à 750 milles nautiques au Nord-Ouest de l’Île d’Oahu (Hawaï), l’Océan Pacifique fut le théâtre de la perte d’un sous-marin soviétique consécutive à une explosion accidentelle. L’équipage fut englouti avec le navire. Il s’agissait d’un sous-marin de la classe « G », à propulsion diesel, déplaçant 2 700 t et ayant une centaine de mètres de longueur. Ce type de bâtiment, aujourd’hui dépassé et en voie de disparition, dispose dans son kiosque de puits à missiles balistiques. Il peut être armé de torpilles à cône nucléaire dans ses tubes avant.
La nouvelle du naufrage ne fut pas rendue publique et la flottille soviétique envoyée entre mars et mai 1968 dans les parages présumés du sinistre ne trouva rien. Mais elle attira l’attention de la marine américaine par des émissions répétées, en clair, sur les fréquences de détresse, demandant au sous-marin sa position (1). Or, l’explosion de celui-ci avait été enregistrée par le réseau fixe d’écoute passive sous-marine de l’US Navy. En l’occurrence, la déflagration avait été entendue par une bouée munie d’un hydrophone géant, immergée par 5 000 m de fond, faisant partie du réseau du Pacifique « Sea Spider » (2). Grâce à l’exploitation de ses renseignements, la Navy parvint à localiser l’endroit du naufrage avec une précision suffisante pour pouvoir mener l’exploration du fond de l’océan. Les recherches effectuées par un navire spécialisé de l’US Navy, le Mizar, devaient permettre à celui-ci de repérer et de photographier l’épave du sous-marin soviétique. Le Mizar s’est probablement servi d’engins sous-marins télécommandés par câble.
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