L’Égypte, après avoir désenchanté avec un régime conduit par les Frères musulmans, aspire au retour d'un État fort privilégiant la sécurité, seule garantie pour permettre le développement économique largement remis en cause depuis janvier 2011.
Égypte : chasse aux islamistes
Egypt: Hunting Islamists
Egypt, after having been disappointed with a regime led by the Muslim Brotherhood, hopes to return to a strong security state, if only to guarantee economic development that has been largely in question since January 2011.
Les soulèvements populaires arabes, hâtivement baptisés « printemps », mais qui ont majoritairement tourné en « hivers », sont aujourd’hui diversement perçus par les Égyptiens. Il y a d’abord le régime au pouvoir qui les observe avec beaucoup d’appréhension. En Égypte même, les autorités veulent en finir avec le désordre, l’instabilité sécuritaire, politique et économique que ce soulèvement a produit depuis le 25 janvier 2011. Elles cherchent à éradiquer la confrérie des Frères musulmans, qui avait accédé au pouvoir à la faveur du soulèvement. Les conflits meurtriers qui ont suivi les révoltes populaires dans les autres pays arabes, en Libye, en Syrie et au Yémen, sont, pour le régime égyptien, source de désordre et d’instabilité dans le monde arabe, de déstabilisation et de menace sécuritaire pour l’Égypte. La reprise en main par l’« État profond » ou l’État autoritaire, après la destitution du président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, en juillet 2013, explique cette vision des choses. Finie la vision idéologique d’inspiration islamiste, moteur de la politique égyptienne sous les Frères musulmans. Et retour aux raisons d’État qui ont guidé la politique du Caire, depuis le renversement de la monarchie par les Officiers libres, en 1952. Avec toutefois, l’intermède de la présidence d’Anouar Sadate qui, dans les années 1970, a autorisé et encouragé le retour en Égypte des Frères musulmans pour combattre les effets de l’héritage socialiste et panarabe de Gamal Abdel Nasser. Son assassinat en octobre 1981, par des islamistes, a mis fin à cet épisode.
Autant dire qu’aujourd’hui la vision et l’action du Caire vis-à-vis des conflits qui secouent les pays dits du « Printemps arabe » sont guidées par un facteur majeur : combattre l’islamisme qui semble gagner du terrain à la faveur des soulèvements populaires dans plusieurs pays arabes, notamment la mouvance que représentent les Frères musulmans. Depuis le renversement du président Morsi, ces derniers sont dans le collimateur du régime égyptien, qui mène une guerre existentielle contre la confrérie et, au-delà, contre les forces islamistes dans la région. La recrudescence des attentats terroristes contre l’armée et la police, à la suite de la chute de la confrérie, a donné un sens autrement aigu et urgent à ce combat.
Priorité au conflit libyen
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