Le « Printemps arabe » ne s'est pas traduit par un « Printemps africain », même si certains États ont connu aussi des manifestants d'opposants. L'Afrique subsaharienne connaît une évolution propre et complexe, avec des perspectives positives, malgré des menaces réelles.
L'impact des révoltes arabes en Afrique subsaharienne
The Impact of the Arab Revolts in Sub-Saharan Africa
The “Arab Spring” did not translate into an “African Spring”, even if certain states also saw opposing protests. Sub-Saharan Africa is experiencing a clean and complex evolution, with positive prospects, despite the real threats.
La chute de Blaise Compaoré au Burkina Faso, en octobre 2014, a provoqué un flot de commentaires sur la possible naissance d’un « printemps africain ». Ainsi, à l’image des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, les sociétés d’Afrique subsaharienne pourraient suivre le modèle burkinabé et appeler au départ des dirigeants inamovibles ou soupçonnés de vouloir se maintenir au pouvoir par des modifications constitutionnelles ou d’obscurs accords passés avec leur opposition. Cette contribution vise à déterminer l’impact des révoltes de 2010-2011 sur les États d’Afrique subsaharienne. Ces dernières n’ont pas été sans effet sur la partie saharo-sahélienne du continent africain : la guerre de Libye en 2011, par exemple, apparaît comme un facteur de déstabilisation de l’ensemble de la zone sahélo-saharienne. De même, les pays sahéliens ont subi l’impact économique de ces événements. Pourtant, la diffusion du modèle de la révolte tunisienne sur les autres États de la région, jusqu’au Moyen-Orient, ne semble pas avoir dépassé le rivage saharien. Nous proposons donc d’analyser l’impact des « révoltes arabes » sur le reste du continent africain en ce qui concerne les transformations politiques. Toutefois, il convient de souligner que de réelles transformations touchent les États subsahariens mais qu’elles ne sont ni directement liées à ces mouvements, ni nouvelles.
Un « modèle » qui peine à dépasser les rivages du Sahara
Pour comprendre l’absence de diffusion de la révolte sociale née en Tunisie en 2010-2011 vers l’Afrique subsaharienne, sur le modèle de la diffusion vers certains autres États du Maghreb et du Moyen-Orient, il convient d’examiner cette dynamique de contagion. Si ces situations révolutionnaires sont très étudiées et engendrent de multiples interrogations et des rapprochements, il existe, paradoxalement, assez peu de travaux comparatistes interrégionaux.
Il reste 87 % de l'article à lire