Les « printemps arabes » ont surpris Washington qui a eu du mal à appréhender la complexité des évolutions, leurs impacts sur les équilibres régionaux et la défense des intérêts vitaux américains. Entre pragmatisme, soutien à Israël et maintien des alliances, la voie reste complexe.
Les États-Unis face au « Printemps arabe »
The United States Faced with the “Arab Spring”
The “Arab Spring” surprised Washington, who has had difficulty grasping the complexity of these evolutions, their impacts on the region’s stability, and the defense of vital American interests. Between pragmatism, supporting Israel and maintaining alliances, the path remains complex.
Les États-Unis ont abordé le Printemps arabe avec circonspection, c’est-à-dire non sans une certaine crainte, mais surtout avec un minutieux pragmatisme. Chaque épisode de révolte a été examiné dans sa spécificité, au cas par cas, en fonction de la dynamique interne de chaque pays et de l’importance des intérêts américains concernés. Washington craignait que le statu quo qui avait prévalu jusqu’alors, intégrant le soutien à des régimes autoritaires qui assuraient le maintien d’une certaine stabilité et d’un équilibre régional favorable à ses intérêts, ne s’effondre, entraînant des conséquences jugées catastrophiques. Confronté à une situation aussi incertaine, le président Obama n’a pas élaboré d’ambitieuse stratégie d’ensemble face aux aléas de l’évolution du monde arabe. Il n’a d’ailleurs pas réagi à cette succession de révolutions avec beaucoup de passion. Le Président a plutôt semblé se comporter comme si ces événements constituaient de dérangeantes perturbations à son agenda de politique intérieure. Quoi qu’il en soit, pour tout Président, la politique intérieure prend le pas sur la politique étrangère, sauf si les intérêts vitaux de la nation sont en jeu. C’est seulement dans le cas de l’Égypte que la Maison-Blanche a joué un rôle central de l’extérieur. Pour le reste, le Président a évité de prendre des initiatives au milieu de ces convulsions régionales. Et la seule ligne générale qui a été mise en avant, a été l’affirmation du soutien habituel des Américains à la démocratie et à l’État de droit. Mais il s’agit d’une orientation politique de fond, commune à tous les Présidents récents.
Les réactions des États-Unis au Printemps arabe sont par conséquent aussi diverses que le soi-disant « printemps » lui-même, car chaque soulèvement, chaque révolution, possède ses propres particularités. Néanmoins, ce pragmatisme américain ne se réduit pas à un simple réalisme cynique. La Maison-Blanche de Barack Obama reste attachée aux valeurs et aux institutions de la démocratie libérale, considérant que leur progrès dans le monde n’est pas seulement positif en soi, mais favorise aussi les intérêts des États-Unis et de leurs alliés, au moins sur le long terme. Ces atermoiements donneront par la suite l’impression d’une incohérente politique américaine au Moyen-Orient.
Avant d’analyser l’attitude de l’Administration Obama vis-à-vis de chaque révolution arabe, il convient de rappeler les objectifs à long terme de la diplomatie américaine au Moyen-Orient.
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