« Ne jamais céder à la tentation de prendre au sérieux les problèmes concernant les mots et leur signification. Ce qui doit être pris au sérieux, ce sont les questions qui concernent les faits et les affirmations sur les faits : les théories et les hypothèses ; les problèmes qu’elles résolvent et les problèmes qu’elles soulèvent ».

Cette réflexion de Karl Popper trouve un écho particulier chez tous les hommes de décision et d’action, et notoirement chez ceux qui, dans les armées, sont en charge de l’élaboration de la doctrine. Rappeler en préambule que la doctrine n’est ni une finalité en soi ni une théorie dogmatique déconnectée des faits, encore moins un carcan intellectuel qui obérerait toute faculté de jugement des chefs opérationnels, ne semble pas inutile. Pourtant, il n’est pas rare de lire ou d’entendre encore beaucoup d’approximations sur la doctrine, preuve qu’il faut en permanence faire œuvre de pédagogie.

Il ne s’agit pas ici de rappeler ce qu’est la doctrine ni à quoi elle sert, mais plutôt d’expliquer comment elle est élaborée et comment un centre doctrinal comme le Centre de doctrine d’emploi des forces (CDEF) de l’Armée de terre veille à se prémunir contre ce que le général de Gaulle nommait « la tentation de l’absolu et du dogmatisme ».