Mesurer l'effort de défense est un exercice complexe car les indicateurs retenus ne sont pas toujours pertinents, notamment dans le cadre de comparaisons internationales. Une réflexion est donc nécessaire pour avoir une approche plus rigoureuse s'appuyant sur des critères objectifs.
Mesurer l'effort de défense
Measuring the Effort of Defense
Measuring the effort of defense is a complex exercise because the chosen indicators are not always pertinent, notably in the sphere of international comparisons. A reflection is thus necessary in order to have a more thorough approach based on objective criteria.
Pour apprécier les politiques menées pour la constitution et l’entretien de l’appareil de défense, la première approche, celle qui, au demeurant, devrait être la moins subjective, consiste à examiner son financement, dans son montant, son évolution, sa répartition. On souhaite ici apprécier les instruments statistiques en usage à cette fin et suggérer quelques idées pour en tirer le meilleur parti (1).
Au niveau des budgets globaux consacrés à la défense, trois indicateurs sont le plus communément utilisés : la part de PIB consacrée à cette mission, le volume du budget, le montant des dépenses de défense par habitant. Ils ont tous leurs limites.
Mais avant de les examiner, il faut d’abord savoir ce que l’on met dans l’agrégat « dépenses de défense ». Beaucoup de travaux ont été accomplis pour améliorer sa définition (2) même si des doutes subsistent dans les pays ne connaissant ni réel contrôle parlementaire ni presse libre (3). Il subsiste, en France, un gros problème qui est celui de l’inclusion des pensions dans la mesure de l’effort de défense. La position officielle française (4) est que, les systèmes de pension différant beaucoup d’un pays à l’autre, il faut enlever les pensions de l’agrégat pour permettre une juste appréciation. Cette position part d’un constat exact pour produire un sophisme. Il est exact que les systèmes de pension sont différents. Il est également vrai que les pensionnés ne participent plus, par définition, à l’effort actuel de défense. Il n’empêche que les dépenses qu’ils entraînent sont intimement liées à la gestion de l’appareil militaire et que les écarts parfois très considérables que l’on observe dans le rapport entre pensions et rémunérations d’activité ne peuvent être traités par prétérition. En France, les pensions servies en 2013 représentent 70 % du montant des rémunérations et charges sociales (RCS) versées pour le personnel en activité et 25 % du budget total hors pensions. On peut donc difficilement s’abstraire de cette réalité d’autant qu’elle est sujette à des variations importantes : le ratio pensions/RCS n’était que de 54 % en 2006 (5). Sans aller plus loin dans la problématique du régime de pensions des militaires français, force est de constater qu’il conduit à ce que la part des dépenses de défense affectées à cet objet soit nettement supérieure à celle enregistrée dans les principales armées de l’Otan (6).
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