Que reste-t-il de l’Occident ?
Que reste-t-il de l’Occident ?
L’un serait catalogué comme philosophe homme de gauche, l’autre comme journaliste du Figaro, tout un programme. Et pourtant, ces 140 pages se lisent d’une traite. Organisé comme un échange épistolaire, l’ouvrage s’interroge sur le déclin de l’Occident, qu’il soit avéré ou perçu comme tel. À l’image d’une société française en proie aux doutes depuis déjà si longtemps, l’Occident est en crise d’identité, ayant le sentiment de ne plus autant peser sur les affaires du monde que par le passé. Après la bipolarisation de la guerre froide, le monde évolue vite et dans un sens où le classique modèle occidental est remis en cause, y compris dans ses fondements.
Pessimisme et optimisme rythment les textes toujours pertinents et argumentés. Il faut ici souligner le regard lucide porté par un Occident désormais peu enclin à vouloir s’engager dans de nouveaux théâtres après les échecs en Afghanistan et en Irak. Ce désengagement – relatif cependant – est également le synonyme d’un repli sur soi très visible en Europe notamment où les populismes surfent désormais sur la vague d’un nationalisme étriqué. De fait, ce retrait est inquiétant car il signifie une perte de dynamisme mais surtout un manque de confiance et d’espoir en l’avenir, au moment même où il faudrait relancer un projet commun et fédérateur.
Les deux auteurs ont, à l’inverse des politiques, le courage de leur opinion. Ainsi, Renaud Girard n’hésite pas à critiquer le fait que l’Europe politique nie trop facilement ses racines chrétiennes. À l’inverse, Régis Debray regrette que la notion d’Occident soit désormais synonyme d’un club fermé outrageusement dominé par une pensée anglo-saxonne, incapable de nuances et d’abord soumise aux lois du marché. Positions plutôt antagonistes mais au final très complémentaires.
À l’heure où les débats sur l’identité sont désormais quotidiens au risque de dérapages multiples, cette double réflexion est non seulement la bienvenue, mais elle est indispensable, ne serait-ce que pour contrebalancer les déclinistes professionnels ou les polémistes médiatiques. ♦