La grande Europe des nations (une réalité pour demain ?)
La grande Europe des nations (une réalité pour demain ?)
L’Institut de la démocratie et de la coopération (IDC) et l’Action pour une confédération paneuropéenne ont été à l’initiative de ce colloque qui eut lieu à l’Assemblée nationale, le 10 juin 2013. L’IDC est un Institut de réflexion géopolitique qui fut créé par une initiative russe en 2008. Il a des locaux à Paris.
Il ne s’agit aucunement de plaider pour que l’Union européenne devienne plus grande. Le colloque veut rendre la vraie grandeur à l’Europe en tant que telle, à cet espace géographique entre l’Atlantique et l’Oural que le général de Gaulle avait déjà mentionné pour désigner l’Europe géographique et politique. Dans la Grande Europe des nations, la Russie a son rôle à jouer, elle est le prolongement naturel du continent européen, un point d’entrée parmi d’autres vers l’Asie. L’Europe doit renouer avec les valeurs traditionnelles et chrétiennes qui ont tellement bien servi de boussole à des dirigeants européens sans nombre depuis deux mille ans. C’est parce que l’Union européenne veut en finir avec ces valeurs – de nation, de famille, de devoir, de travail, d’honneur – que la Russie est devenue pour elle un repoussoir et un épouvantail.
De son côté, Thierry Mariani, député des Français de l’étranger, ancien ministre, a souligné, dans son discours d’ouverture, l’échec partiel du modèle politique européen, et, d’autre part, le déplacement géographique des principaux pôles d’activité mondiaux. L’appartenance de la Russie à la culture européenne est une évidence, mais les relations avec l’Union européenne peuvent apparaître comme décevantes. C’est cette sempiternelle volonté de Bruxelles de vouloir imposer son modèle qui freine un partenariat plus intense avec la Russie. De leur côté les Russes n’ont jamais été pressés de discuter directement avec l’Union en tant que telle. Les Russes préfèrent jouer les relations bilatérales. Pourtant, Russie et Union européenne ont de profondes complémentarités.
La Russie a l’espace (une superficie qui représente le quadruple de celle de l’UE), les ressources naturelles et énergétiques, une croissance économique, un solde commercial excédentaire, une situation de ses finances publiques qui peut nous faire rêver. L’Union européenne a l’avantage par sa population (plus de 500 millions d’habitants contre 143) et son niveau de développement. Les entreprises françaises investissent massivement en Russie. La France, qui a de vieilles relations d’amitié avec la Russie, a tout à gagner à un resserrement de leurs liens. La Russie travaille à la formation de l’Union économique eurasiatique (UEEA). Le président Poutine, dès les années 2000, a plaidé pour l’approfondissement de la coopération entre la Russie (aujourd’hui l’Espace économique commun, EEC, englobant la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan) et l’Union européenne ; l’Union douanière (UD) a été achevée en 2011. La Russie a adhéré à l’OMC avec le territoire douanier uni de l’UD. Il est envisagé le passage vers l’UEEA en 2015.
Il n’y a pas de coopération entre l’Otan et l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) qui regroupe trois zones régionales : l’Asie centrale, le Caucase et l’Europe de l’Est. L’Otan est considéré comme un obstacle pour la grande Europe des nations, elle ne serait que le bras armé de la stratégie américaine. L’Europe de la défense ne progresse pas, elle n’intéresserait pas les Européens en dehors des Français. La Russie est prête à collaborer avec l’Europe. L’Otan qui n’aurait sans doute pas existé sans la guerre froide est considérée comme un obstacle à la grande Europe.
Un partenariat avec la Russie serait donc souhaitable pour des raisons historiques, culturelles, géopolitiques et géo-économiques. « Refuser que l’Europe soit un “club chrétien” revient à nier l’identité historique de l’Europe » a confirmé l’ancien député Ivan Blot. Au nom des droits de l’homme, on sape la morale traditionnelle. À partir de mai 1968, en France, les valeurs familiales se sont effondrées. La morale est devenue réactionnaire. Pour Natalia Narotchnitskaïa, présidente de l’IDC (Paris), la Russie et l’Europe sont deux sœurs séparées et les fondements de la civilisation européenne sont « la révélation chrétienne ». ♦